Après six semaines de blocage institutionnel au terme des législatives du 20 décembre, le roi Philippe VI a demandé au socialiste Pedro Sánchez (photo) de tenter de former un gouvernement. Le chef de l'Etat a évité de solliciter le chef de l'exécutif sortant, le conservateur Mariano Rajoy qui, quoique vainqueur du scrutin (avec 129 sur 350 sièges pour le Parti populaire), dirige une formation isolée, dépourvue d'alliés et incapable de dégager une majorité. La tâche qui incombe au socialiste est ardue car il ne dispose que de 90 sièges, le pire score dans l'histoire du PSOE, fondé en 1879. Le fringant candidat a jusqu'à début mars pour trouver des alliés et se soumettre à l'investiture au Parlement. Le rapprochement le plus naturel et logique doit se faire avec Podemos, formation issue de la contestation sociale des Indignados et qui se dit proche du Syriza grec. Ce mouvement emmené par le politologue Pablo Iglesias, qui a fait une entrée remarquée au Parlement en devenant la troisième force du pays (69 sièges), a évolué de positions radicales (alignement sur le Venezuela de Chávez et Maduro) vers une option sociale-démocrate projetant pour modèle les nations scandinaves. «La difficulté avec Podemos, c'est précisément qu'ils veulent prendre la place des socialistes et les marginaliser, un peu comme, en Grèce, Syriza avec le vieux Pasok, souligne l'analyste Rafa De Miguel. C'est pourquoi les socialistes espagnols ont des raisons de les craindre.» D'autant que, la semaine dernière, Pablo Iglesias s'est certes montré disposé à gouverner avec les socialistes, mais en exigeant un exécutif de coalition où Podemos aurait la vice-présidence, certains ministères clés et la garantie d'une ambitieuse réforme constitutionnelle prévoyant notamment une révision de la loi électorale qui favoriserait les formations non majoritaires.
Le défi lancé par le roi au leader socialiste Pedro Sánchez
par François Musseau
publié le 4 février 2016 à 19h31
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