La bombe est une assurance-vie pour les dictateurs. Le régime de Saddam Hussein n’a pas survécu au démantèlement imposé de son programme nucléaire, pas plus que celui de Kadhafi, qui y avait mis fin de lui-même pour réintégrer la communauté internationale. La dissuasion nucléaire permet de sanctuariser son territoire. La France le sait mieux que quiconque pour en avoir fait le pilier de sa doctrine de défense. Ubuesque régime stalinien héréditaire aussi paranoïaque qu’imprévisible, la Corée du Nord a désormais la bombe A et des fusées à longue portée. Cela ne signifie pas, selon les experts, que l’arme atomique nord-coréenne soit déjà opérationnelle mais le risque est là. Un petit pays isolé et pauvre est, de fait, devenu en comptant sur ses propres forces une puissance nucléaire. C’est le plus gros échec de la lutte contre la prolifération. Les atermoiements américains à faire véritablement respecter les accords passés entre le président Bill Clinton et le régime pour brider le programme nucléaire en échange d’aides économiques ont permis à la dynastie des Kim de créer l’irréparable. Le «royaume ermite» défie ouvertement la communauté internationale, fort du soutien de Pékin au conseil de sécurité. Nul ne voit comment contraindre Pyongyang à renoncer à une bombe perçue comme une menace majeure par ses voisins. Les grandes puissances avaient déjà en partie tiré les leçons de cet échec dans l’accord passé avec l’Iran sur son programme nucléaire. Il n’est pourtant pas démantelé, juste gelé, et mis sous contrôle pour les dix ou quinze prochaines années avec l’espoir qu’entre-temps le régime des mollahs aura changé. C’était sûrement la moins mauvaise des solutions. C’est néanmoins un pari. Celui fait avec la Corée du Nord, lui, a raté. Le casse-tête et le danger restent entiers.
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