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Libération

A Hongkong, une «révolution des boulettes de poisson» après celle des «parapluies»

Publié le 09/02/2016 à 19h21

Des policiers en tenue antiémeute braquant leurs armes d’un côté, des seaux emplis de briques et des feux de rue de l’autre : toute la nuit de lundi à mardi, les images venues du quartier de Mongkok, à Hongkong, ont rappelé celles de la «révolution des parapluies», à l’automne 2014. Il y a un peu plus d’un an, la rébellion contre le pouvoir central de Pékin avait enflammé l’ancienne colonie britannique, revenue dans le giron chinois en 1997 sous le principe «un pays, deux systèmes».

Le quartier, situé sur la partie continentale de Hongkong, était bondé lundi soir pour les festivités du nouvel an et le début de l’année du singe. Des dizaines d’étals proposaient notamment des boulettes de poisson frit. Vers 22 heures, des employés du département d’hygiène sont intervenus pour chasser les vendeurs à la sauvette. Devant la protestation des passants, ils ont fait appel à la police. L’incident a rapidement tourné en manifestation antigouvernementale. D’après les témoignages de journalistes sur place et les images tournées par des amateurs, des jeunes gens ont lancé des projectiles sur les forces de l’ordre et mis le feu aux poubelles, se montrant également agressifs avec la presse. Le compte Facebook du mouvement radical Hongkong Indigenous, qui s’oppose à l’influence de Pékin, a annoncé que l’un de ses responsables a été arrêté.

La situation s'est tendue lorsque des policiers, après avoir usé de bâtons et de spray au poivre pour disperser les protestataires, ont tiré en l'air deux coups de semonce. Des protestataires ont descellé des pavés, d'autres ont arraché des panneaux de signalisation et fabriqué des boucliers de fortune. Les troubles ont duré toute la nuit, certains observateurs commençant à parler de «Fishball Revolution», ou «révolution des boulettes de poisson», faisant le parallèle avec l'arrestation d'un vendeur de rue qui avait enclenché la révolution en Tunisie fin 2010.

Lors d’une conférence de presse donnée mardi matin, le chef de la police a affirmé que 90 membres des forces de l’ordre et quelques journalistes avaient été blessés, et annoncé l’arrestation d’au moins 54 personnes. Il a aussi émis l’hypothèse que l’émeute avait été préméditée et déclaré le maintien des festivités : quatre tonnes et demie de feux d’artifice devaient être tirées dans Victoria Harbour mardi soir.