La troisième édition du Dhaka Art Summit se tenait de vendredi à lundi à Dacca, la capitale du Bangladesh. Un événement non commercial de qualité, organisé par une fondation privée et destiné à promouvoir les artistes du sud-est asiatique.
Ritu Sarin et Tenzing Sonam avaient été sélectionnés pour leur travail sur l'auto-immolation des Tibétains en Chine. Ce couple d'Indiens d'origine tibétaine, réalisateurs chevronnés vivant à Dharamsala, où se trouve le gouvernement tibétain en exil, mettait en scène cinq lettres d'adieu envoyées par des candidats au suicide. Ce travail, intitulé «Derniers Mots», ne représentait qu'une petite partie de leur installation Brûler contre la mort de la lumière, présentée à New Delhi, en décembre.
Visiblement, c'était encore trop pour l'ambassadeur chinois au Bangladesh, Ma Mingqiang, qui a, selon la conservatrice citée dans la presse indienne, «explosé de colère» lors de sa visite, samedi, et demandé que les œuvres soient retirées, «faute de quoi il faudrait en accepter les conséquences». Contactés par les organisateurs, les artistes ont consenti à ce que les cadres soient recouverts d'un papier blanc pour ne pas mettre en péril le Dhaka Art Summit, mais ils dénoncent le «harcèlement» de Pékin jusque dans un pays étranger. Les cinéastes ont mis en ligne sur leur page Facebook les photos des œuvres censurées, avec la traduction des lettres en anglais, et ce commentaire : «Quelque part, nous pouvons être fiers que les derniers mots de Tibétains immolés aient encore le pouvoir de déranger et de bouleverser le Parti communiste chinois. C'est pourquoi nous devons continuer à faire entendre notre voix.»
Selon eux, c’est le deuxième incident de ce genre. En 2009, les autorités chinoises avaient obtenu du gouvernement bangladais la fermeture de l’exposition «Dans l’exil, Tibet 1949-2009», organisée par l’association des étudiants pour le Tibet libre. Le Bangladesh est très dépendant des investissements de son immense voisin.