Cette semaine, la Chine s’arrête pour célébrer le nouvel an. Et comme chaque année, c’est aussi la pleine saison pour la location de fiancés par des jeunes femmes célibataires.
Depuis plusieurs années, l’offre s’adapte à ce secteur en pleine croissance. Après trente-cinq ans de politique de l’enfant unique, le déséquilibre démographique est pourtant largement en faveur des hommes (116 hommes pour 100 femmes, soit environ 20 millions d’hommes en plus). Mais de coriaces préjugés sociaux viennent encore compliquer la donne. La tradition chinoise veut que les garçons choisissent une femme moins éduquée et moins aisée, et les filles continuent, semble-t-il, à préférer un mari plus élevé socialement. Trouver chaussure à son pied est donc de plus en plus difficile pour des Chinoises qui ont consacré plusieurs années à leurs études et jouissent de leur indépendance financière.
Après 25 ans, des «laissées-pour-compte»
Lorsque ces jeunes urbaines, en général filles uniques, rendent visite à leur famille en province, elles sont soumises à une pression énorme de la part de leurs parents, qui désespèrent de les voir célibataires, et réclament des petits-enfants. Passé 25 ans, les jeunes Chinoises sont épinglées du terme méprisant «shengnu» («laissées-pour-compte»), dans un pays où le mariage n’était encore très récemment qu’un contrat social et non un engagement sentimental. Certaines sèchent la corvée en prétextant des vacances à l’étranger. D’autres, pour ne pas gâcher le festin de raviolis, et éviter de se voir présenter des prétendants, vont se payer pour l’occasion les services d’un gendre idéal.
Selon la presse asiatique, qui regorge d'histoires à ce sujet, le site commercial Taobao, équivalent de notre leboncoin.fr, a vu, ces dernières années, exploser le nombre d'annonces. Des centaines d'étudiants ou de comédiens proposent leurs services. Il en coûte quelques euros pour se promener en se tenant la main ou tenir une conversation sur Internet, et jusqu'à plusieurs milliers pour tenir le rôle de l'heureux fiancé lors d'une fausse cérémonie de mariage.
Enveloppe rouge
Sur les forums de discussion, on se demande si les faux fiancés doivent accepter le «Hongbao», l’enveloppe rouge emplie de billets traditionnellement offerte à la famille et aux amis. Ou si avoir des relations sexuelles est acceptable ou pas, dans un pays encore très prude. Les anecdotes sont légion, telle celle sur cet homme qui, s’étant retrouvé à dormir chez ses pseudo-beaux-parents, a mis enceinte son «employeure», et refuse de payer la pension alimentaire.
Mais ce business n’est pas limité aux femmes, même si les hommes y ont beaucoup moins recours, ni à la Chine : en France également, il est possible de trouver en ligne un «ami» rétribué pour sortir, aller à l’église… ou rendre visite à la famille.