Les partenaires de David Cameron n'en reviennent toujours pas : comment le Premier ministre britannique a-t-il réussi à se piéger de la sorte ? Car s'il gagne son référendum sur l'appartenance de son pays à l'Union, la question européenne ne sera pas pour autant close au sein du Parti conservateur. S'il le perd, il y laissera sa place de chef du gouvernement, placera son pays dans une position intenable et plongera l'UE dans une crise dont elle aura du mal à se remettre. Les capitales européennes, en dépit de leur agacement, ont donc décidé, en décembre, d'aider Cameron à éviter un «Brexit». Le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, qui se réunit ce jeudi après-midi et vendredi à Bruxelles, devrait donc adopter une série de mesures pour permettre à Cameron de mener une campagne en faveur du maintien dans l'UE. Le vrai problème du gouvernement britannique est qu'il n'a plus grand-chose à demander, la Grande-Bretagne bénéficiant déjà d'un statut taillé sur mesure : elle n'est pas dans l'euro, dans Schengen et dans la défense européenne commune, ne prend que ce qui l'intéresse en matière de politique migratoire et sécuritaire ou encore a obtenu des garanties pour que l'Union bancaire ne nuise pas à la City… Londres a mis plus de trois ans à formuler des demandes précises : abandon de la phrase du préambule du traité prévoyant «une union sans cesse plus étroite», droit de regard sur ce qui se décide dans la zone euro, moins de «bureaucratie» et de réglementations européennes, possibilité pour les Parlements nationaux de bloquer des projets législatifs européens, limitation des prestations sociales accordées aux travailleurs de l'Union.
«La difficulté de l'exercice est qu'il est, pour nous, hors de question de modifier les traités, de remettre en cause les principes fondamentaux de l'Union ainsi que l'unité du marché intérieur ou encore de permettre à un ou plusieurs pays de bloquer l'intégration de la zone euro», énumère un diplomate européen. Le projet préparé par le président du Conseil européen et la Commission contient «une bonne part de psychanalyse», s'amuse un diplomate en poste à Bruxelles. En gros, les partenaires de Londres expliquent que la Grande-Bretagne bénéficie déjà d'un statut particulier que personne n'a l'intention de remettre en cause. Les principales nouveautés sont la possibilité donnée à un groupe de pays n'appartenant pas à la zone euro de demander la poursuite des discussions «pendant un délai raisonnable» s'il estime qu'une décision de la zone euro va leur nuire. Et les Vingt-Sept s'engagent à faire adopter une directive permettant au Royaume-Uni de conditionner à un séjour de quatre ans certaines prestations sociales accordées aux Européens.