Des centaines de milliers d’hommes et de femmes ont emprunté pendant près d’un an cette route des Balkans qui les a menés de Syrie en Allemagne, à travers la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l’Autriche. Mais cette route se ferme chaque jour un peu plus. Lundi, environ 600 Afghans étaient bloqués du côté grec de la frontière gréco-macédonienne, à Idomeni, les autorités macédoniennes ne laissant plus passer que les Syriens et les Irakiens, à un rythme lui aussi ralenti.
Du côté grec de la frontière, les autorités ont dit ne pas comprendre les raisons de l’attitude macédonienne. Le ministre grec de l’Immigration, Yannis Mouzalas, a même annoncé que la Grèce avait
«entamé des actions diplomatiques»
face aux actions
«unilatérales»
de ses voisins. Et pendant ce temps, les autorités grecques ont bloqué le trafic des cars qui emmenaient les migrants du Pirée à Idomeni, de peur qu’un nombre trop grand de réfugiés ne s’agglomère à la frontière.
Ces restrictions macédoniennes interviennent après la décision vendredi de l’Autriche de ne plus admettre que 80 demandeurs d’asile par jour, et 3 200 migrants en transit (sans précision de nationalité), une mesure condamnée par L’Union européenne. Elle fait suite à une réunion jeudi à Zagreb des responsables des polices de cinq pays situés sur la route menant vers l’Allemagne (Macédoine, Serbie, Croatie, Slovénie, Autriche). Ils ont convenu d’enregistrer à Gevgelija, la ville-frontière côté macédonien, les migrants autorisés à poursuivre leur route, et de les faire encadrer par les polices de chacun de ces pays tout au long de leur parcours. Les migrants dits «économiques» sont exclus de ce système et seuls les réfugiés qui viennent des zones de guerre (ce qui écarte même les Syriens venant de villes où il n’y a pas de combats) auront le droit de continuer leur périple, ont indiqué des responsables locaux à Zagreb. Les autres devront se contenter des «hotspots», les centres de tri et d’enregistrement qui s’organisent en Grèce et en Turquie.
Selon Radio Slobodna Evropa, qui cite Rados Djurovic, un responsable du Centre de protection des demandeurs d'asile de Serbie, chaque réfugié «sera muni d'un document qui devra être visé par les autorités de chacun des pays qu'il traverse sur cette route». Comme la Macédoine, la Serbie n'a pas permis lundi aux Afghans d'entrer dans le pays et un certain nombre d'Afghans qui étaient déjà entrés en Macédoine sont restés coincés à Tabanovce, à la frontière serbo-macédonienne.
De telles mesures seront-elles suffisantes pour réduire le flux de réfugiés ? Rados Djurovic en doute. Selon lui, celles-ci auront pour effet de relancer le trafic alternatif géré par des passeurs. «Plus on cherche à réduire le nombre de réfugiés autorisés à passer, plus les autres seront tentés de recourir à des voies illégales», dit-il. Une partie de ce trafic juteux passe désormais par la Bulgarie et la Roumanie, et un nombre croissant de migrants tente de nouveau d'entrer par la Hongrie en se frayant un chemin à travers les barbelés installés par les autorités en septembre.