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Libération

En Espagne, Podemos rompt avec les socialistes

publié le 24 février 2016 à 20h01

Adios au front de gauche. Sauf énorme retournement de situation, l'Espagne ne suivra pas la voie du Portugal où, à l'automne 2015, une «alliance progressiste» a permis de constituer un exécutif autour des socialistes, reléguant dans l'opposition les conservateurs, pourtant vainqueurs dans les urnes.

Le scénario semblait identique en Espagne après les législatives du 20 décembre, et la victoire étriquée d’une droite isolée. Mais la tant attendue «alliance des gauches» a fait long feu : le parti Podemos, grande surprise du scrutin avec 69 sièges (troisième force), a rompu mercredi les négociations avec le Parti socialiste, dont le flamboyant leader, Pedro Sánchez, tentera d’être investi au Parlement le 3 mars.

La raison de ce revirement : Sánchez a signé la veille une alliance stratégique avec l'autre nouveau venu, Ciudadanos (Citoyens), une formation libérale centriste. Dans ses engagements figurent le refus d'augmenter les impôts, la volonté de négocier avec Bruxelles la réduction du déficit public (et non pas une désobéissance unilatérale, comme le voulait Podemos), la défense vaille que vaille de l'«unité nationale» et l'expulsion du gouvernement (ou du parti) de tout homme politique ayant des démêlés judiciaires.

Mais, hormis les mesures contre la corruption, Podemos situe ses exigences aux antipodes : intention d'augmenter les dépenses publiques de 96 milliards d'euros sur quatre ans, «blinder» dans la Constitution les politiques sociales et garantir un référendum d'autodétermination en Catalogne. Le «numéro 2» de Podemos, Iñigo Errejón, n'a pas caché son amertume : «Au lieu d'un virage à gauche et la défense des classes populaires, les socialistes préfèrent la droite et les marchés financiers. Leur choix est incompatible avec le nôtre.»

De possible allié, Podemos se dresse donc aujourd'hui comme un rival hostile. Si bien que l'investiture de Pedro Sánchez, le 3 mars, n'est pas sûre de se faire : face au «no» de Podemos, l'alliance «socialistes-Ciudadanos» ne peut recevoir l'onction parlementaire qu'à la condition que les conservateurs du Parti populaire s'abstiennent. Pour l'heure, ce n'est pas l'intention du chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy. On se dirigerait donc vers un nouveau scrutin, le 26 juin.