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Libération

Migrants : chaos sur la route des Balkans

publié le 24 février 2016 à 19h11

Une nouvelle crise humanitaire menace sur la route des Balkans, empruntée par les réfugiés pour rejoindre un pays de l'Union européenne. Des milliers de personnes, en particulier des Afghans, sont bloquées depuis dimanche autour d'Idomeni, du côté grec de la frontière avec la Macédoine, et la situation risque d'empirer, le flux d'arrivées par la Grèce étant de plus en plus important : du 1er janvier au 22 février, 110 000 migrants et réfugiés ont débarqué en Europe, l'énorme majorité sur les îles grecques depuis la Turquie - avec plus de 400 morts en mer. Soit, en un mois et demi, autant d'arrivées que pendant le premier semestre 2015, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). 2016 pourrait donc à nouveau battre des records, après le 1,1 million de personnes arrivées l'an dernier. Pour le HCR, «certains Etats déplacent le problème plutôt que de partager les responsabilités et de faire preuve de solidarité».

La Macédoine, qui n’appartient ni à l’UE ni à l’espace de libre circulation de Schengen, dit avoir pris la décision de fermer sa frontière en réponse à l’attitude de la Croatie et de la Serbie qui renvoient les Afghans. Ces derniers risquant de ne pas obtenir le statut de réfugié, la Croatie les a renvoyés vers la Serbie qui les a renvoyés vers la Macédoine - mais avant même d’avoir étudié leur demande. Les Afghans, qui représentent un gros contingent des migrants, se retrouvent bloqués en Grèce, déjà submergée. Les pays des Balkans ne sont que des zones de transit pour ces personnes qui visent en priorité l’Allemagne. Mais les décisions qu’ils prennent ont un effet domino. Ainsi l’Autriche, à l’extrémité de la route des Balkans, a décidé unilatéralement le 19 février, sous les critiques de l’UE, de ne plus accepter que 80 demandes d’asile par jour, et de ne laisser transiter quotidiennement que 3 200 personnes sur son sol. C’est en partie cette décision qui a provoqué les restrictions imposées par la Croatie et la Serbie.

L'Autriche devait réunir ce mercredi neuf pays des Balkans pour évoquer la question. Athènes, qui subit les errements de leurs politiques, a protesté de ne pas avoir été convié. Les Européens, dont Amnesty qualifie l'attitude de «honteuse» dans son rapport annuel publié mercredi, sont de moins en moins capables de gérer en commun un problème qui les concerne pourtant collectivement. Seule Angela Merkel adopte une attitude réaliste. Elle tente de convaincre la Turquie de retenir sur son sol les réfugiés, notamment syriens. Une nouvelle réunion en ce sens est prévue début mars. En attendant, le chaos se poursuit.