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Libération
EDITORIAL

Bras de fer feutré

publié le 25 février 2016 à 20h11

L'accord sur le nucléaire de juillet entérinait le grand retour de Téhéran dans la communauté internationale. Les plus optimistes en attendent l'amorce d'une démocratisation. Marquées par la mise hors jeu, sur décision du régime, de la plupart des candidats réformateurs et par la montée en puissance dans la campagne des «principalistes» - les ultra des ultras -, les élections de ce vendredi montrent que ce processus sera long, complexe et très incertain en dépit des espoirs d'une bonne partie de la classe moyenne et de la jeunesse. Craignant de ne pouvoir contrôler l'ouverture sur le monde entraînée par la levée des sanctions, les plus durs des mollah verrouillent le système, dénonçant «l'agression culturelle de l'Occident» et clamant qu'ils n'abandonneront jamais les principes de la révolution. Réformateur modéré, le président Hassan Rohani sait qu'il doit composer avec le Guide comme avec les conservateurs. Il n'en espère pas moins pousser ses pions pour changer peu à peu un régime toujours aussi implacable dans sa traque des opposants. L'Iran détient aussi, après la Chine, le triste record du monde du nombre d'exécutions capitales. Cette bataille politique aura des conséquences bien au-delà des frontières du pays. Dans un Moyen-Orient en plein chaos, l'Iran s'affirme de plus en plus comme un acteur majeur. Mais, sous la pression des durs et des Gardiens de la révolution, il a jusqu'ici joué surtout les pompiers pyromanes, se montrant le principal soutien avec la Russie de Bachar al-Assad. La République islamique va-t-elle continuer dans son jusqu'au-boutisme ? Va-t-elle au contraire s'engager pour une issue politique au conflit syrien ? C'est aussi l'enjeu du bras de fer feutré qui va se dérouler ces prochains mois à la tête de cette «mollahcratie».