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Analyse

G20 : Berlin s’oppose toujours et encore aux plans de relance

publié le 26 février 2016 à 20h11

Les grands argentiers des pays du groupe des vingt (G20) qui représentent 85 % de l’économie de la planète se rencontrent depuis vendredi à Shanghai (Chine). Ce G20 survient au moment où l’économie mondiale est menacée par une reprise atone ; où la plupart des pays émergents font face à une croissance qui pique du nez ; où le cours des matières premières est au plus bas, mettant à mal le budget des pays qui en dépendent ; où les marchés financiers passent d’un jour à l’autre de la félicité au sauve-qui-peut. Allemagne, France, Etats-Unis, Japon, Brésil, Chine, Afrique du Sud… Chacun y va de son analyse, mais à en croire les petites phrases et les grandes déclarations, chacun joue sa partition. Normal pour un lever de rideau. Ces grands-messes de gouvernance mondiale n’ont-elles pas pour vocation d’accorder tout le monde ? Et de prouver qu’il y a bien un pilote dans l’avion ?

Mais voilà, chacun voudrait tenir le manche… et l'actionner sur un cap bien précis. L'Allemagne, par exemple, s'est (une fois de plus) opposée à ce que les pays du G20 engagent de nouveaux plans de relance budgétaire pour doper l'activité : cela pourrait s'avérer «contre-productif», a mis en garde Wolfgang Schäuble, le ministre allemand de l'Economie.

De leur côté, les Etats-Unis entendent exhorter les pays disposant d'une marge budgétaire à l'utiliser pour soutenir leur demande intérieure. Washington vise en particulier l'Allemagne, dont les comptes courants sont excédentaires. Mais l'opposition de Schäuble à des plans de relance fondés sur la dépense publique obère toute perspective d'une réponse concertée entre les vingt grandes puissances. La priorité pour les membres du G20 est de commencer «prudemment» à assainir leurs comptes publics, car «le modèle de croissance fondé sur l'endettement atteint ses limites», a abondé Schäuble. «Si nous continuons dans cette voie, nul besoin de regarder les séries télé : les morts-vivants nous submergeront», a-t-il raillé, dénonçant les «firmes zombies» qui ne survivent que grâce au crédit. Un problème particulièrement saillant dans l'industrie lourde chinoise : le géant asiatique fait face à une envolée de l'endettement et à des risques de défaut de paiement sur fond de fuite des capitaux évaluée, selon nombre d'études, à quelque 1 000 milliards de dollars. Vendredi le gouverneur de la Banque centrale de Chine a pourtant assuré que Pékin gardait «les outils de politiques monétaires» appropriés pour répondre à un assombrissement de la conjoncture. Voilà qui ne devrait pas rassurer une Allemagne inquiète de la multiplication des politiques monétaires accommodantes.