Une douzaine d'Etats américains participent ce mardi au Super Tuesday, étape majeure des primaires pour les démocrates comme les républicains. Ce «Super Mardi» permet généralement aux favoris de prendre le large et de tuer tout suspense : c'est l'objectif, cette année, d'Hillary Clinton et de Donald Trump.
Parfois, aussi, il permet un renversement de situation quasiment inespéré. C’est ce qui est arrivé à un certain Bill Clinton, en 1992. A l’époque, le mari d’Hillary est gouverneur de l’Arkansas, un Etat très conservateur qui fait de lui un démocrate «centriste», un «nouveau démocrate» comme il se décrit lui-même.
Alors que le président sortant George Bush Sr. se présente pour un second mandat côté républicain, la primaire démocrate est indécise. En Iowa, lors du caucus d’ouverture, le local Tom Harkin fait un carton plein, tandis que Clinton dépasse péniblement les 2 %. Mais ce sont deux autres candidats qui émergent ensuite : Jerry Brown, vainqueur dans le Maine et le Colorado, et surtout Paul Tsongas, vainqueur dans le New Hampshire, souvent deuxième ailleurs, et qui profite d’un premier Super Tuesday, le 3 mars, pour se poser en favori grâce à ses succès dans le Maryland, l’Utah, le Washington et l’Arizona.
Le «comeback kid»
Mais, malgré son départ raté dans l'Iowa et des accusations d'infidélité (déjà) avec une certaine Gennifer Flowers, Bill Clinton parvient à rester en vie. Une interview en compagnie de sa femme, Hillary, pour déminer l'affaire, et son bon résultat dans le New Hampshire (deuxième à la surprise générale) changent la donne : il se pose en «comeback kid» et relance sa campagne.
Pas totalement distancé lors du premier Super Tuesday (vainqueur en Géorgie, deuxième dans le Maryland et le Colorado), il renverse complètement la course à l’investiture lors du second, une semaine plus tard, le 10 mars : il s’impose dans six des sept Etats en jeu, tous du sud du pays (donc plus modérés), et notamment en Floride et dans le Missouri, richement dotés en délégués nationaux.
Le coup est fatal : une semaine plus tard, Bill Clinton remporte encore l’Illinois et le Michigan, deux autres gros pourvoyeurs de délégués. Dépassé en dix jours, Paul Tsongas jette l’éponge et la fin de la primaire n’est qu’un cavalier seul de Bill Clinton. Il réussira, quelques mois plus tard, à devancer assez largement George Bush Sr. lors de l’élection présidentielle, devenant l'un des rares candidats démocrates de l'histoire à battre un président républicain sortant, après Grover Cleveland (1892), Woodrow Wilson (1912), Franklin D. Roosevelt (1932) et Jimmy Carter (1976).