C'est une première : l'Union européenne a proposé mercredi de débloquer 700 millions d'euros pour un budget d'aide aux Etats en première ligne face à l'afflux des migrants. La Grèce, où une crise humanitaire durable s'installe, sera un des principaux bénéficiaires de cette aide qui reste mesurée : 300 millions en 2016, 200 millions par an en 2017 et 2018. Athènes a chiffré à 480 millions d'euros l'accueil éventuel de 100 000 réfugiés - il y en a déjà 25 000. Rappelons que ces migrants arrivant de Turquie sont bloqués en Grèce parce que l'Autriche et les pays des Balkans ont considérablement réduit le flux autorisé à transiter par leurs territoires. Leurs restrictions unilatérales ne «sont pas conformes au droit international ou à la décence humaine», a dénoncé mardi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Mais elles persistent. Divisée, incapable de s'entendre, l'UE pare au plus urgent avec son aide humanitaire inédite, mais elle ne résout rien. Un sommet européen aura lieu le 7 mars, avec la Turquie, pour tenter de réduire le flux des entrées - environ 2 000 par jour en Grèce. C'est loin d'être gagné. Ankara renâcle et la crise a révélé l'égoïsme de tous les pays européens - sauf l'Allemagne. Dont la chancelière soutient dans la tourmente le Premier ministre grec, joli paradoxe après avoir voulu l'éjecter de la zone euro pour cause de mauvaise gestion budgétaire. De nombreux bénévoles grecs se sont aussi mis de la partie pour accueillir les migrants, comme en Allemagne. Les deux pays ont destin lié : on n'aurait pas imaginé ça l'été dernier, au plus fort du «Grexit».
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