Il est un fait irréfutable : le Super Tuesday a, cette nuit, largement souri aux deux favoris de la course à la Maison Blanche, la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump. Tous deux ont accru leur avance sur la concurrence en remportant sept des onze Etats en jeu.
Une situation et des chiffres parfaitement résumés par la chaîne ABC News (chez les républicains, l'Alaska - dont les résultats définitifs ont été connus tardivement - a finalement basculé en faveur de Ted Cruz) :
Pour les observateurs américains, cela ne fait donc aucun doute : l'un et l'autre s'affronteront lors de l'élection présidentielle, le 8 novembre prochain.
Honneur aux vainqueurs de la nuit, donc, avec une vidéo de CNN, qui met en parallèle les discours de Clinton et Trump. Quand l'ex-première dame des Etats-Unis réclame solennellement «davantage d'amour et de bonté», le candidat républicain moque, sous les rires de ses partisans, son principal concurrent : «Je sais que ça a été une soirée très difficile pour Marco Rubio. Il a vraiment passé une soirée compliquée. Mais il a travaillé dur, il a dépensé beaucoup d'argent... C'est un poids léger, comme je l'ai déjà dit et répété.»
En réponse au slogan martelé par Donald Trump («We gonna "Make America great again" !», «On va "Rendre sa grandeur à l'Amérique" !»), la postulante démocrate répond : «L'Amérique n'a jamais cessé d'être grande !»
Retour sur investissement pour Hillary Clinton
ABC News s'appuie sur les sondages de sortie des urnes pour expliquer la victoire de Clinton sur son unique rival Bernie Sanders. Chiffres à l'appui, un journaliste de la chaîne pointe de très claires disparités dans le vote démocrate : si les deux candidats sont au coude à coude sur l'électorat masculin et le vote «blanc», Hillary Clinton emporte très largement la mise chez les femmes (65%), ou auprès des populations noire (85%) et latino (67%).
Une stratégie gagnante pour les équipes de campagne de la candidate, qui ont réussi à s'imposer dans les Etats du sud que sont le Texas, la Georgie ou l'Alabama : «Elles ont passé beaucoup de temps là-bas, y ont dépensé beaucoup d'argent.»
En plateau, son triomphe final semble inévitable. La victoire d'Hillary Clinton dans le Super Tuesday est qualifiée de «tsunami» par un analyste politique : «Elle a une énorme avance et, je vous le rappelle, toutes les primaires et tous les caucus démocrates à venir se joueront à la proportionnelle. Donc, même si (Sanders) commence à gagner, Hillary Clinton continuera à amasser des délégués.»
Donald Trump peut-il faire l'unité dans son parti ?
Chez les républicains, Donald Trump devrait, compte tenu de sa confortable avance, terminer en tête de la primaire. Néanmoins, parce qu'ils sont encore cinq candidats en course (avec Marco Rubio, Ted Cruz, Ben Carson et John Kasich), le milliardaire pourrait bien ne pas obtenir la majorité des 2 472 délégués en jeu. Et donc être chahuté lors de la convention qui se tiendra à Cleveland, dans l'Ohio, du 18 au 21 juillet.
Dans le cas où il ne parviendrait pas à atteindre le «nombre magique» de 1 237 délégués au terme de la primaire, Donald Trump - qui a multiplié depuis le début de la campagne les attaques à l'encontre de ses concurrents - doit donc maintenant s'appliquer à faire consensus au sein du «Grand Old Party» (ou «GOP», le surnom du parti républicain outre-Atlantique).
Une donnée visiblement prise en compte. «Unificateur» autoproclamé, Donald Trump a conclu mardi soir, à l'annonce des résultats du Super Tuesday, son discours en martelant sa volonté de rassemblement : «Quand nous [les républicains] serons unis, il n'y a personne - absolument personne - qui pourra nous battre (1'10'' sur la vidéo)».
NBC News présente, en deux minutes, les modalités de cette possible «Contested convention», un cas de figure très rare décrit comme «le rêve des mordus de politique et le cauchemar des partis politiques».