Vous n'avez pas tout suivi, voire rien du tout, depuis le lancement des courses à l'investiture républicaine et démocrate ? Tous les vendredis, Libération fait le point sur la campagne.
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La course
Trump et Clinton creusent l'écart grâce au Super Tuesday
Avec onze primaires et caucus côté républicain, et douze côté démocrate, le Super Tuesday du mardi 1er mars a fait grandement progresser la course aux investitures des deux camps. Mais n'a pas changé l'identité des leaders : déjà en tête avant ce rendez-vous majeur, Hillary Clinton et Donald Trump ont conforté leurs positions, remportant respectivement huit et sept des scrutins du soir et davantage de délégués nationaux que tous leurs poursuivants. Côté démocrate, Hillary Clinton a pris une bonne avance, puisqu'elle dispose désormais de 619 délégués nationaux contre 402 pour Bernie Sanders. Dans le camp républicain, Donald Trump a passé la barre des cent délégués d'avance : il en est à 338, contre 236 pour Ted Cruz et 112 pour Marco Rubio.
Up
Clinton prend le large
Il n'y a presque pas eu de surprise, dans le camp démocrate, lors du Super Tuesday. Ce qui signifie que Hillary Clinton a vécu une très bonne soirée, sans doute sa meilleure depuis le début des primaires. Certes, Bernie Sanders a remporté quatre scrutins sur douze mardi. Mais dans les huit autres, Clinton a souvent gagné une bonne marge d'avance, notamment dans le Texas, un Etat capital puisque richement doté en délégués (65,2% des suffrages et 146 délégués pour Clinton, 33,2% et 76 délégués pour Sanders). Ses larges succès dans les Etats du Sud ont confirmé sa bonne marge d'avance au sein de l'électorat non-blanc, ce qui constitue une excellente nouvelle pour les prochaines échéances. Désormais forte d'une avance supérieure à 200 délégués sur son seul adversaire, l'ex-First Lady a pris le large dans la course à l'investiture démocrate. L'ancienne secrétaire d'Etat peut aborder les prochaines échéances, samedi en Louisiane, dans le Kansas et le Nebraska, dimanche dans le Maine et lundi dans le Michigan et le Mississipi, avec sérénité. L'affaire pourrait même être pliée, si elle continue à ce rythme, dans à peine deux semaines : le 15 mars, beaucoup d'Etats richement dotés en délégués démocrates voteront (Floride, Illinois, Ohio, Caroline du Nord).
Hillary Clinton, à Miami, le 1er mars. Photo AFP.
Down
Black tuesday pour Rubio
La satisfaction d'avoir remporté son premier Etat depuis le début des primaires, le Minnesota, ne pèse pas lourd dans le bilan de Marco Rubio lors du Super Tuesday. Chouchou de l'establishment du parti républicain, débarrassé de candidatures ressemblant beacoup à la sienne comme celle de Jeb Bush, plus offensif contre Donald Trump lors des débats télévisés, il n'a pas réussi à capitaliser lors de ce «super mardi».
[ Vainqueur, donc, d'un seul des onze Etats en jeu ]
, il a terminé derrière Donald Trump dans les dix autres, mais aussi derrière Ted Cruz à six reprises. Du coup,
[ alors que ce dernier a plutôt bien résisté à Trump grâce notamment à sa victoire au Texas ]
, Rubio a remporté très peu de delégués (96, contre 256 pour Trump et 219 pour Cruz) et se retrouve largement distancé dans la course à l'investiture. Sans un sursaut rapide, sa mission deviendra impossible.
La phrase
La guerre est déclarée au sein du parti républicain. Après John McCain, candidat malheureux en 2008, c'est Mitt Romney, battu lui en 2012 par Obama, qui s'est fendu de commentaires sans ambage sur Donald Trump. Les pontes du Grand Old Party se succèdent pour dire tout le mal qu'ils pensent du milliardaire, ce qui lui est d'ailleurs plutôt favorable, puisque ses partisans apprécient justement son profil anti-establishment. Toujours est-il que ce climat rend chaque jour moins hypothétique la présence d'un troisième gros candidat à la présidentielle de novembre : Trump s'il venait à ne pas remporter ces primaires républicaines, ou... un candidat républicain «honorable» si Trump devait à l'inverse être choisi.
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Le chiffre
10 000 milliards
C'est, en dollars, le manque à gagner que les finances publiques subiraient, en dix ans, si le programme fiscal de Donald Trump était appliqué, selon le Tax Policy Center, un organisme indépendant. Le favori des Républicains propose en effet de réduire le taux supérieur de l'imposition à 25 % au lieu des 39,6 % actuels et, dans le même temps, de supprimer l'impôt des ménages gagnant moins de 25 000 dollars (23 000 euros) par an. L'impôt sur les sociétés serait lui aussi réduit (15 % au lieu de 35 %). Mais ce n'est pas seulement sur les finances publiques que pèseraient de tels choix : les 0,1 % des Américains les plus riches, qui paieraient, en moyenne, un million de dollars de taxes en moins en 2017, bénéficeraient d'une réduction d'impôt équivalent à 19% de leur revenu après impôt... contre seulement 7 % pour tous les autres. Et comme la dette, à dépenses constantes, passeraient de 122 % du PIB à 180%, il faudrait forcément couper dans des dépenses bénéficiant au plus grand nombre... Plus d'explications ici.
L'Etat
Le Michigan peut relancer les outsiders
Le Super Tuesday a soudainement accéléré les primaires américaines, et ce n'est pas fini : ce week-end (Kansas, Kentucky, Louisiane et Maine samedi, Pueto Rico dimanche côté républicain ; Kansas, Louisiane et Nebraska samedi, Maine dimanche côté démocrate) et mardi 8 mars (Hawaï, Idaho, Michigan et Mississippi côté républicain, seulement les deux derniers côté démocrate), pas mal de primaires et caucus vont s'enchaîner. Dans les deux camps, c'est le Michigan (l'Etat des grands lacs et de Detroit) qui attribue le plus grand nombre de délégués. Pour relancer les outsiders ? La population de cet Etat est en effet très majoritairement blanche, un électorat plutôt favorable jusqu'ici à Bernie Sanders côté démocrate, et à Marco Rubio côté républicain. D'ailleurs, ils ont tous deux remporté le caucus du Minnesota voisin mardi dernier... Mais pour l'instant, les sondages les donnent perdants face à Hillary Clinton et Donald Trump.
Bernie Sanders en campagne dans le Michigan, le 2 mars. Photo AFP.
Et pendant ce temps-là, Obama...
Terminons sur une note plus légère. C'est pas qu'on le pousse vers la sortie, mais Barack Obama a enfin levé le mystère sur ce qu'il ferait après l'entrée en fonction de son/sa successeur/euse. Ou plutôt, où il serait. S'il a plusieurs fois témoigné de son envie de s'engager auprès des jeunes des quartiers défavorisés sur les questions d'égalité des chances (il a été avocat et travailleur social dans les années 80 à Chicago) et s'il ne semble pas écarter l'idée d'enseigner à Columbia, une université de New York – «J'adore enseigner. Le contact avec les étudiants me manque», disait-il au «New Yorker» en 2014 – Barack Obama n'a encore rien confirmé sur ses futures activités. Mais, alors que sa fille aînée, Malia, doit quitter la maison (blanche) familiale pour entrer à l'université, sa fille cadette, Sasha, doit encore terminer le lycée. Pour lui permettre de rester dans le même établissement (la Sidwell Friends School, un lycée privé de Washington), les Obama resteront encore au moins deux ans dans la capitale politique américaine, alors qu'on pouvait envisager un retour à Chicago, où est née la carrière politique du président américain. «Changer de ville au milieu du lycée, c'est rude», a expliqué à la presse celui qui cultive son image de papa poule.
Barack Obama entouré de sa fille aînée Malia et de sa cadette Sasha, le 28 novembre dernier à Washington. Photo Mandel Ngan. AFP.