Depuis vendredi, les familles sont sans nouvelles de 28 orpailleurs, ces mineurs qui recherchent des paillettes d'or en marge de la loi. La disparition a eu lieu à Tumeremo, un village de l'Etat de Bolívar, à l'est du Venezuela, saisi depuis quelques années d'une véritable fièvre de l'or, qui s'accompagne de multiples trafics et de corruption. Libération avait enquêté dans la région en 2015. D'après les familles, les 28 auraient découvert un important filon, et un groupe criminel les aurait éliminés pour faire main basse sur leur trésor.
Les proches des disparus ont bloqué une route nationale pendant tout le week-end pour obtenir des informations. Le gouverneur de la région, Francisco Rangel Gómez, membre du Parti socialiste du président Nicolas Maduro, a parlé de «rumeurs» lancées par «des personnages de droite» pour «terroriser la population», et a menacé les familles de poursuites judiciaires. Certains milieux officiels ont dénoncé une mise en scène de l'opposition pour ternir, samedi, le troisième anniversaire de la mort de Hugo Chávez, le père du régime bolivarien et prédécesseur de Maduro.
Un député de l’Etat de Bolivar, Americo Di Grazia, élu de la MUD (Table de l’unité démocratique, majoritaire au Parlement), a établi un parallèle avec l’enlèvement de 43 élèves d’une école d’instituteurs, le 26 septembre 2014 à Iguala au Mexique. Dans cette affaire non élucidée, même si la mort des disparus ne fait aucun doute, les autorités et l’armée ont été accusées d’entraver l’enquête. L’assemblée vénézuélienne devait annoncer l’ouverture d’une enquête parlementaire. De son côté, le gouvernement de Nicolas Maduro n’avait, lundi après-midi, toujours pas réagi.