Les primaires américaines sont à un tournant. Dans le camp républicain, tout d’abord, ce mardi pourrait être le jour le plus décisif de la campagne. En fonction des résultats, un ou deux des quatre candidats en lice pourraient être contraints à l’abandon. Et Donald Trump pourrait se révéler inarrêtable.
Cinq Etats votent : Floride, Ohio, Caroline du Nord, Illinois et Missouri. 367 délégués sont en jeu - il en faut 1 237 pour remporter l'investiture. Cinq Etats, c'est certes beaucoup moins que lors du Super Tuesday. Mais pour la première fois après des semaines de scrutins proportionnels, deux Etats (Floride et Ohio) offrent tous leurs délégués au candidat arrivé en tête. «Winner takes all» («le gagnant rafle tout»), disent les Américains.
Ajoutez à cela le fait que le sénateur de Floride, Marco Rubio, et le gouverneur de l’Ohio, John Kasich, font partie des candidats, et le potentiel dramatique est décuplé. Pour Rubio et Kasich, l’enjeu est simple : s’ils ne remportent par leur propre Etat, leur campagne est terminée. Selon le dernier baromètre de Real Clear Politics, l’avantage de Kasich sur Trump (2,7 points) dans l’Ohio est dans la marge d’erreur. Marco Rubio, lui, est au bord du précipice, avec en moyenne 19 points de retard sur le milliardaire, même si certains sondages locaux prédisent un écart plus faible.
Si Donald Trump remporte la Floride (99 délégués) et l’Ohio (66), son avance sur son dauphin, Ted Cruz, sera colossale. Une défaite dans l’un de ces deux Etats pourrait en revanche nourrir l’espoir de ses adversaires d’empêcher l’homme d’affaires d’obtenir la majorité des délégués d’ici la convention républicaine de juillet.
Côté démocrate, Hillary Clinton accentuera quoi qu’il arrive son avance sur Bernie Sanders. La Floride et ses 246 délégués semblent acquis à l’ex-secrétaire d’Etat, qui devrait aussi largement l’emporter en Caroline du Nord grâce au soutien de l’électorat noir. Après sa victoire surprise dans le Michigan, le socialiste Bernie Sanders espère quant à lui récidiver dans l’Etat voisin de l’Ohio, autre région industrielle sinistrée où son message économique - en particulier son opposition aux accords de libre-échange - pourrait séduire les électeurs. Ces dernières semaines, l’avance de Clinton dans les sondages n’a cessé de se réduire. Si elle parvient malgré tout à battre Sanders dans l’Ohio, elle pourrait compter plus de 75 % des délégués nécessaires pour l’investiture. La course serait alors quasiment pliée.