Même si elle n’était pas décisive, la cinquième et dernière manche était symboliquement importante. Alors qu’il venait de remporter sa première victoire contre AlphaGo dimanche, le champion du go Lee Sedol avait demandé à jouer avec les pierres noires, c’est-à-dire à ouvrir le jeu. Il avait ce faisant mis la barre haut, puisque son adversaire semblait être plus à l’aise avec les pierres blanches. Le champion âgé de 33 ans n’a pas réussi à relever le défi.
Toute la semaine, la Corée a suivi le match de son héros avec beaucoup d'attention. Chaque jour, les journaux ont consacré leur une à la rencontre qui se jouait dans un grand hôtel de Séoul. Lundi matin, pour la première fois, la mine déconfite de Lee avait fait place au sourire, au lendemain de son unique victoire face à l'algorithme de Google. «C'est la première fois qu'on me félicite d'avoir remporté une seule manche !», s'était amusé le joueur.
Hausse des ventes
Si la rencontre a amené les médias sud-coréens à s'interroger sur le retard de leur nation en matière d'intelligence artificielle, elle a également eu pour effet de relancer l'intérêt de la population pour ce jeu vieux de 3 000 ans. Alors que les seniors continuent à s'y adonner, notamment dans les parcs du centre historique de la capitale, les jeunes générations ont largement délaissé les pierres et le goban (plateau en bois) pour les jeux électroniques. «Je ne sais pas jouer, mais la rencontre cette semaine m'a donné envie de m'y mettre», commentait Yoojin, une étudiante.
A Séoul, les grandes librairies n'ont pas manqué de mettre en avant tous les articles concernant le baduk, le go en coréen. Les parents ont, semble-t-il, été nombreux ce week-end à venir acheter une méthode pour leur bambin. Dans la première moitié du mois de mars, les ventes de jeux de go ont doublé dans le grand magasin i-Park et quintuplé sur le site de vente en ligne G-Market, par rapport à la même période l'an dernier, rapportait ce matin le quotidien Joongang. Epiphénomène ou tendance de fond ?