Dimanche : à même la peau
Quelque chose a changé sur l'Aquarius. Et pas seulement le temps. Du grand frais, 7 sur l'échelle de Beaufort, vagues de 5 mètres de haut, vent de 50 à 60 km/h, l'écume blanche soufflée en traînées et train de lames déferlantes. Le navire monte, descend, roule et les coursives sont habitées par des hommes qui titubent, bras écartés, comme des alcoolos au petit matin.
Non, ce n'est pas cette mer qui dérange. Plutôt un mouvement de houle qui vient de l'intérieur. La flamme est toujours là, la volonté de faire intacte. Sauf qu'entre-temps, l'Aquarius a hébergé 74 réfugiés. Et ce qu'ils ont dit, le peu qu'ils ont lâché, par bribes, sur leur calvaire, en mauvais français ou anglais, la gorge serrée ou pire, sur un ton apparemment détaché, a mis l'équipage face au réel de l'horreur. Depuis, tout le monde est plus silencieux. Et sait que chaque sauvetage apportera son lot de gifles.
Patrick, notre photographe, s'enferme parfois dans sa cabine. Lui, il savait déjà. Sur son écran, deux photos. Une, au petit matin, grisâtre, couleur du plastique du canot pneumatique du dernier sauvetage ; l'autre, en noir et blanc, une jonque en mer de Chine, bourrée de boat people vietnamiens, surmontée d'un grand «SOS» noir écrit à l'huile de moteur sur un sac de jute. C'était il y a vingt-huit ans, sur le Mary, un navire affrété par un mécène de Monaco. A Cergy-Pontoise, le jeune pigiste s'était lié d'amitié avec monsieur Thanh, sauvé quelques années plus tôt et devenu cadre dans une société d'alimentation. En apprenant le projet en mer de Chine, Patrick s'est précipité. Il avait vingt ans. En un mois, le Mary a secouru 327 hommes, femmes et enfants.
Débarqué, un peu sonné, le jeune photographe a couru la Roumanie, la Somalie, le Cambodge et le Burkina Faso. Mais à l'époque, l'humanitaire n'était pas encore un métier. Deux enfants à nourrir, un poste à Nice-Matin, un autre à Ici Paris, des boat people aux people et cette photo qu'il regardait souvent, en noir et blanc, couleur du tatouage qu'il s'est fait faire sur l'épaule droite : «SOS. Boat people. 1988.»
Aujourd'hui, le voilà en Méditerranée, sur l'Aquarius. Ses cheveux et sa barbe ont blanchi. Des hommes dérivent toujours sur l'eau, on ne les appelle plus «réfugiés» mais «migrants». Et quand on les a déposés à Lampedusa, Patrick le photographe a eu un haut-le-cœur en découvrant des voitures de police à côté des ambulances de la «Misericordia». Les rescapés vietnamiens circulaient librement dans le camp de réfugiés de l'île de Palawan aux Philippines. Nos Africains migrants, eux, attendront leur sort dans un camp de rétention gardé par des carabinieri.
Depuis, Patrick passe un peu plus de temps qu’avant dans sa cabine à éditer ses photos. Il a partagé son écran d’accueil en deux, la jonque de Chine d’un côté, le canot pneumatique de l’autre. Il pense souvent à son ami, monsieur Thanh, aujourd’hui disparu. Et, à la première escale, il a juré de se faire tatouer un second «SOS». Sur l’épaule gauche.
Lundi: soudain on les a vus, surgis de nulle part
D’abord, il y a eu le silence. On était seul sur l’eau. Et la mer nous paraissait bien vide. Nos veilleurs guettaient la crête des vagues, à la recherche d’un point gris émergent, un Zodiac, avant que le creux de la houle ne l’enfouisse en son sein. Parfois, dans les jumelles, la silhouette d’un cargo, filant vers Tripoli. Et à la nuit tombée, une lune qui inventait des ombres d’éphémères radeaux de rescapés. Et puis un matin, l’appel du MRCC, le centre maritime de Rome, pour nous signaler un canot pneumatique, cent personnes, en détresse. Trop loin de nous. Le temps sur l’eau est parfois synonyme de naufrage. On a poussé les machines, l’estomac noué.
Soudain, on les a vus, surgis de nulle part. Deux grands navires de guerre, un espagnol à l’est, un anglais à l’ouest, qui filaient vingt nœuds, le double de notre vitesse. Et ils fonçaient vers le minuscule esquif gris pris en tenaille. «Sophia», le nom a couru sur la passerelle. «Sophia», bien sûr, du nom de l’opération militaire lancée en mai par l’Union européenne dans la partie sud de la Méditerranée centrale, joliment siglée EUNAVFOR Med. Seize Etats membres, cinq navires de combat, un porte-avions, des hélicoptères, des militaires, des torpilles, des canons face aux côtes libyennes. Objectif : identifier, capturer et neutraliser tout ce qui flotte et peut-être utilisé par des passeurs ou des trafiquants de migrants. Ils ont le droit d’arraisonner un bateau suspect, le sommer de s’arrêter, le fouiller et s’il y a soupçon, de le saisir. Une quinzaine de suspects ont déjà été remis à la justice italienne. La deuxième étape de l’opération, pénétrer à l’intérieur des 12 miles nautiques, une vingtaine de kilomètres, n’attend plus que le feu vert du Conseil de sécurité et feu vert officiel de Tripoli.
Face à une telle armada, notre canot paraissait bien fragile. Rome a demandé par radio à l'Aquarius de rester à l'écart, mais présent, en assistance, avec notre clinique médicale opérationnelle à bord. Puis les militaires ont commencé leur opération de sauvetage. Ouf de soulagement sur la passerelle. Ah ! bien. Les militaires savaient aussi secourir. D'ailleurs, le très vilain nom de EUNAVFOR Med avait été rapidement remplacé par «Sophia», du prénom d'un bébé de réfugiés né à bord d'un navire de secours allemand en août. Les jours suivants, ils étaient toujours là, visibles. Un Italien notamment qui nous accompagnait au gré de nos changements de cap. Le Virginio Fasan – navire amiral ! – portait le nom d'un commandant de la Deuxième Guerre mondiale qui avait préféré saborder son vaisseau plutôt que de le livrer aux Allemands. Il ne nous quittait pas de ses jumelles.
Sauf que le temps s'est soudain mis au beau, autorisant le départ des embarcations de réfugiés. Et l'Aquarius a dû aussitôt reprendre sa ronde et la veille. N'empêche. L'amiral nous fait parvenir un dernier télex pour «exprimer sa gratitude pour votre inestimable soutien apporté aux autorités italiennes dans cette difficile situation». Finalement, «Sophia» ne manque pas d'élégance.
A lire aussi Le récit de la première semaine à bord de l'Aquarius. Une deuxième semaine à bord de l'Aquarius.
Mardi: la flottille de désespérés
Mardi, il s’est passé quelque chose d’effrayant. La confirmation de ce que nous redoutions. La veille, en regardant la mer qui se lissait sous nos yeux, l’absence de vent, le ciel bleu et sans nuages de la Méditerranée retrouvée, on a compris. Après une semaine de mauvais temps, les migrants allaient pouvoir se jeter à l’eau. Devant nous, sur la côte libyenne, les passeurs piaffaient, pressés de reprendre leur commerce des hommes. Leur traite. Là-bas, des Africains, candidats au départ, attendaient, entassés dans des bicoques près de la plage, la peur au ventre. Peur de la brutalité des passeurs, peur de ne pas partir, peur de continuer à endurer leur calvaire dans l’enfer libyen. Il a suffi d’une journée d’accalmie, une seule. Et c’est toute une flottille qui a pris la mer.
Sur la passerelle, les messages du MRCC, le centre maritime de Rome, parvenaient à la cadence d'une agence de presse. 5 h50 : «bateau en détresse- position inconnue – vigilance». 6 h 10 : «deux bateaux en détresse – position»… Trop loin pour nous ! 8 h 00 : «un Zodiac secouru par Marine italienne.» Ouf ! Un répit. 8 h 38 : «Nouveau bateau en détresse. Lat : 32° 55' N / Long : 012° 30 E.» Un autre ? Oui, un autre. Dans la même zone.
Ils sont partis de l'Ouest de Tripoli. Sans doute des plages de Zuwara, la route la plus courte vers la Sicile. Rome nous demande de filer plein ouest, pour aller à leur rencontre. 9 h 13 : «Deux autres bateaux en détresse…» On fonce à 10 nœuds en poussant nos machines. La mer bruisse d'appels radio. Les navires militaires de l'opération Sophia sont eux aussi à la manœuvre. Trop de canots pneumatiques sur l'eau, trop de naufrages possibles. Rome distribue, coordonne. Et on arrive à temps.
Le voilà, sa masse grise de fragile jouet de plage perdu entre deux vagues. Premier repérage en canot. Ils sont nombreux, il y a des hommes, des femmes, des gosses, des bébés. On charge 120 gilets de sauvetage. Et peu après, ils arrivent. D’abord les deux nourrissons extraits du fond du bateau. Et deux enfants de 2 et 6 ans, Erwan et Willy, de Centrafrique. Leur mère monte à bord, fait des gestes pour dire qu’on leur a tiré dessus, s’effondre. Dora, une Nigériane, s’écroule elle aussi en pleurs, sans pouvoir dire un mot. Souleimane remercie le ciel par une prière à même le plancher du pont. Et il faut porter un jeune de 18 ans, atteint de polio, et qui a perdu ses béquilles en Libye.
Certains sont plus forts, sourient, remercient comme ce groupe venu de Yaoundé au Cameroun. Mais tous sont trempés jusqu’aux os, grelottent au soleil, demandent une couverture, une bouteille d’eau, un biscuit. On s’éloigne de leur rafiot, dangereux, lesté d’un bidon d’essence qui fuit. Au fond, toujours ces planches et ces longues vis, pointes en haut, assez longues pour déchirer pieds et jambes. Un marin de chez nous essaie de percer le boudin en mauvais plastique, déjà largement dégonflé. Le pseudo-Zodiac ne serait pas allé bien loin. A bord, on compte : 119 réfugiés, 13 femmes, deux enfants, deux bébés. Et les appels radio qui continuent à courir sur l’eau. Une véritable flottille en détresse. Et toute une mer qui gémit.
Mercredi: quand volent les migrants
Qu'ils sont sages et disciplinés nos réfugiés ! Sur le pont de l'Aquarius, ils sont 118 à faire la queue, baluchon à la main, tête enfouie dans une couverture grise, à balancer au gré de la houle leur marche des sépulcres. Devant eux, l'île de Lampedusa, la mer et le bastingage de bâbord à enjamber. L'Aquarius a navigué toute la nuit à vitesse réduite, histoire de ne pas déranger leur sommeil de revenants. Les vagues nous ont d'abord bercés, avant de nous réveiller, au petit matin. Le mauvais temps était de retour. Le vent nous interdisait l'entrée dans le port. Il fallait trouver un endroit à l'abri derrière l'île et transborder nos rescapés vers deux grosses vedettes des garde-côtes qui attendaient. Les migrants, pourtant habitués à tout, ont un peu écarquillé les yeux en voyant les membres de l'équipage italien en combinaison blanche, gants de plastique blanc et masques sur le visage. L'un d'eux, plongeur, était tout d'orange vêtu, une caméra Go-Pro fichée au sommet du crâne. Un doux mélange du principe de précaution et de règlement sanitaire. Le peuple des Martiens a tendu les bras au peuple des couvertures, quelques ordres en sicilien ont réglé la manœuvre et le transbordement a commencé.
Les deux navires, bord à bord, montaient et descendaient au gré des vagues de trois mètres, leurs coques risquant à tout moment de se percuter, masses d'acier chacune capable d'écraser d'un coup toute une colonie de vacances. On a commencé par les deux bébés que de rudes bras de marins ont cueillis avec la douceur d'une nourrice, puis leurs mères, un adolescent sans béquille, les jambes paralysées par la poliomyélite, et enfin les hommes, parfois plus lourds que leurs sauveurs. Sur l'Aquarius, marins et capitaine briefaient chaque candidat au grand saut : «Tourne-toi ! Regarde-nous ! Descends l'échelle un pied après l'autre. Et lâche tout quand on te le dit… maintenant !» Un bateau montait, l'autre plongeait et un corps volait dans l'intervalle, assuré par quatre paires de bras, au-dessus de l'eau qui écumait de rater sa prise. Deux fois, nous avons dû changer de mouillage. Deux fois, le vent et les vagues nous ont rattrapés. La vedette et l'Aquarius sautaient comme des bouchons, mais les migrants volaient bien droit, atterrissant en douceur sur le pont de la vedette italienne, en terre d'Europe. Au bout de deux heures d'acrobatie, les réfugiés ont terminé au chaud et nous, en sueur. L'Aquarius était vide. Les marins des deux bateaux se sont applaudis, soulagés, les migrants ont dit au revoir de la main et on a vu s'éloigner le peuple des ressuscités, visages noirs d'ébène et sourires de nouveau-nés. Le capitaine Klaus, responsable de l'Aquarius, les a longtemps suivis d'un regard où se lisait à la fois soulagement et révolte : «Vaudrait mieux qu'ils voyagent en avion, non ?»
Jeudi: lettre à ma mer
Ah ! Te revoilà, toi ! Mais où étais-tu donc passée? Depuis qu'on a pris le chemin du retour vers la Sicile, tu nous refais les yeux doux et le dos rond. Les 1817 tonnes de l'Aquarius glissent sur une mer lisse, une eau bleue miroir, sans un souffle de vent. Ce matin, après une nuit sans cauchemars, j'ai écarté les rideaux de ma cabine sur un ciel transparent et léger. Dehors se profilait le paradis. Levanzo, Marettimo et Favignana, les îles des Égades à l'ouest de la Sicile, ses plages dorées, son vin noir et ses rougets frits. Surpris, j'ai écouté. Pas un craquement, plus le moindre signe de cette colère qui tourmentait la grande carcasse d'acier de notre Aquarius. Il y a quelques heures à peine, face aux côtes libyennes, je ne t'ai pas reconnu sous ta lumière grise, les lèvres ourlées d'une bave d'écume et le creux de tes vagues grimaçant un vilain rictus mortuaire. J'étais abasourdi. Notre mer la Méditerranée ne m'avait pas élevé avec autant de dureté. Et ce vent, ce vent ! Sifflant comme Scylla quand elle saisit les naufragés et les noie sans pitié. Ce matin-là, ce n'était même pas des marins, mais des Africains à la dérive. Ne savaient même pas nager ! Leur moteur cafouillait, leur canot dégonflé fuyait de toutes parts, radeau du désespoir qui convulsait sur l'eau comme un animal à l'agonie. Ils n'avaient aucune chance! Et toi, tu t'acharnais.
L'Aquarius est arrivé juste à temps. On te les a arrachés.
Et la nuit, sur le pont de notre bateau, je les ai écoutés. D'abord, Priscille, et son bébé de trois mois, prénommée Bénédiction, partie du Cameroun sa fille à peine née, pour fuir un mariage forcé, pour lui donner une vie où elle aura le choix. Et Willy, cinq ans, rivé au bastingage face à l'inconnu me demandant « s'il y avait des poissons dans la mer qui mangent les hommes ? » Et l'autre, gaillard de vingt ans, fils de grand magistrat, père décédé et mère ruinée, dépossédée, escroquée par son oncle, qui a décidé de trouver l'argent pour réparer l'injustice. Et Siku, le Nigérian, qui a fui Boko Haram. Comme Cyril, le Camerounais, chrétien, lui aussi menacé par les islamistes. Cyril, frappé par le syndrome libyen, racisme, séquestration, viols et «maisons de torture». Cyril, qui parle comme un docteur en philosophie en racontant à voix basse les milices et les tueurs de Daech, les migrants forcés de prendre les armes pour jouer la chair à canon. Et ces pauvres bougres qu'on drogue pour les transformer en tortionnaires de leurs frères. Ainsi dans ces formes qui dorment autour de nous enroulées dans des couvertures, il y aurait côte à côte torturés et tortionnaires ? Et Cyril a fait oui de la tête.
Dehors, la mer grondait, ricanait et je ne la reconnaissais plus. Pour ne pas la haïr, je me suis forcé à me rappeler les dauphins venus à notre encontre lors du sauvetage du rafiot. Un, deux, trois, quatre puis cinq dauphins qui se sont placés juste devant la proue du bateau. Sont restés là longtemps. Jusqu’à ce qu’on le trouve. Pour nous montrer le chemin.
Vendredi : prochain sauvetage
Il est déjà minuit, la mer est calme et je ne parviens pas à trouver le sommeil. A terre, sur la côte libyenne, les migrants se préparent à tenter la grande traversée. Je les imagine d’abord parqués dans cette grande baraque dans les dunes, là où les passeurs les font attendre des jours, parfois des semaines. Cette nuit, ils sont plusieurs centaines, Nigérians, Ghanéens, Gambiens, Maliens, Ivoiriens, Camerounais. Hommes, femmes, enfants, bébés. On les fait sortir sous escorte. Des Libyens armés de kalachnikovs ont ordre de ne pas laisser s’approcher les groupes rivaux qui veulent leur voler les migrants. Pour les revendre, les faire travailler, les enrôler dans leurs milices. Sur la plage, une demi-lune éclaire faiblement l’eau noire. Et les réfugiés découvrent cette mer qu’ils n’ont jamais vue. A 100 mètres du rivage, les canots les attendent, deux boudins de mauvais plastique, un vieux moteur, un plancher de fortune. Derrière eux, ils entendent les détonations des combats. L’escorte contre les milices. Les passeurs leur ordonnent d’entrer dans l’eau qui leur arrive jusqu’au nez. Les migrants ne savent pas nager. Tous pataugent, s’agrippent, se battent, certains se noient. En posant le pied à bord, un homme crie de douleur, le pied troué par les longues vis qui pointent au fond du rafiot. On s’entasse.
Il est déjà 3 heures du matin. L’esquif a pris la mer, sans les passeurs - pas fous ! - qui ont laissé la barre à un des hommes. Deux heures plus tard, le «zodiac» est déjà en détresse. On colle des rustines sur les boudins percés qui se dégonflent, le moteur cafouille, les planches du sol cèdent et déchirent le plastique. À bord, tous sont malades. Leurs vêtements trempés dès le départ, le vent, le froid qui les tétanise, les vagues qui les font vomir, l’obscurité sur l’eau qui les terrifie. Il est 6 h 11, l’heure où le jour pointe sur Tripoli. Le pilote a lancé un SOS et, quand il a un GPS, donné sa position.
6 h 15, message radio du centre maritime de Rome à tous les navires sur zone : «Embarcation pneumatique en détresse. Une centaine de personnes. Extrême vigilance. Coordonnées…» Sur l'Aquarius, les veilleurs balaient la mer de leurs jumelles et le capitaine pousse les machines en affinant son cap. Un cri. Les voilà. Ce petit point blanc là-bas qui s'enfonce sur la mer. L'eau clapote au fond du canot. Ils sont déjà à deux doigts de sombrer. L'équipe de secours met son premier canot à la mer.
Il est déjà 7 heures du matin. Moi, je suis revenu à terre. Je ne verrai pas le prochain sauvetage. Mais l'Aquarius est en place. Je peux enfin m'endormir.