L'accord entre l'UE et Ankara prévoyant le renvoi en Turquie des migrants débarqués en Grèce provoque des remous. Le haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU a exprimé jeudi sa «profonde préoccupation» devant «la détention arbitraire des réfugiés et des migrants», craignant une forme d'«expulsion collective» contraire au droit. D'autres agences de l'ONU, dont le HCR et l'Unicef, ont exprimé leurs préoccupations et MSF a cessé mardi son assistance dans les centres d'enregistrement («hot spots») grecs, transformés en centres de détention où on retient les migrants contre leur gré dans l'attente d'un retour vers la Turquie. 200 membres d'ONG et d'associations ont manifesté jeudi à Lesbos pour protester contre cette dérive. Par ailleurs, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé la «crise humanitaire» en cours au Pirée, où 5 000 migrants, bloqués en Grèce depuis la fermeture, début mars, de la route des Balkans, survivent dans des conditions «épouvantables» : «Des femmes enceintes, des handicapés, de jeunes enfants sont coincés là sans dignité ni espoir», a expliqué Eva Cossé, de HRW, ajoutant : «Combien de temps les gouvernements européens vont-ils fermer les yeux sur les violations de droits humains qu'ils créent ?»
(Lire aussi la chronique de Frédéric Worms, page 23)