Vingt-quatre ans après le début de la guerre en Bosnie-Herzégovine, l’ancien leader des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a été condamné à 40 années de prison jeudi par la justice internationale à La Haye. Le procureur qui le poursuivait pour onze chefs d’accusation avait dans son réquisitoire réclamé la prison à vie.
C’est la première fois qu’un responsable politique de ce niveau est condamné par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), une institution créée par l’ONU en 1993 avec l’idée que la peur du jugement pourrait convaincre les leaders de l’ex-Yougoslavie de faire cesser les violences déchirant la région depuis 1991. Le tribunal avait bien commencé à juger Slobodan Milosevic, l’ancien président serbe, communément considéré comme l’instigateur des guerres ex-yougoslaves, mais celui-ci décéda après la fin des audiences de son procès, avant l’élaboration d’un verdict. Quant au président croate Franjo Tudjman, objet lui aussi d’un acte d’accusation conservé secret, il mourut à son poste avant toute tentative de l’appréhender.
Karadzic, 70 ans, a écouté dans le calme l'énoncé de ce verdict qui, dans l'ensemble, a suivi les conclusions du réquisitoire. A une exception près. Le tribunal a rejeté la qualification de génocide pour les massacres qui ont eu lieu dans les villes de Bosnie autres que Srebrenica. Mais a souligné que l'accusé était «pénalement responsable» des souffrances endurées par Sarajevo et qu'il avait lui même ordonné la prise de Srebrenica. 12 000 personnes ont été tuées à Sarajevo par les tirs incessants des forces serbes tandis que 8 000 autres sont mortes à Srebrenica, essentiellement des hommes exécutés sommairement, avec le «consentement» de Radovan Karadzic, selon le juge. Resté au pouvoir après les accords de paix de Dayton de 1995, Karadzic a quitté son poste de président de la Republika Srpska un an plus tard sous la pression des Etats-Unis. On a longtemps cru que ces derniers étaient prêts en échange à lui concéder l'impunité. Ce n'est que grâce à la détermination du TPIY qu'il dût de faire face à ses juges.