«Pourquoi ça prend tant de temps ? Parce qu'on veut être 100% sûr», lâche en introduction Peter De Waele, porte-parole de la police fédérale belge. Pointées du doigt par les médias pour la lenteur de l'identification des victimes des attentats du 22 mars, les autorités belges ont tenu une conférence de presse samedi après-midi au centre de crise du service public fédéral, le ministère de l'Intérieur Belge. Les représentants des différents services concernés (police, hôpitaux, cellule de crise, etc.) se sont succédé pour justifier leurs méthodes, et donner quelques chiffres.
Le commissaire Christian Decobecq du DVI (le département d'Identification des victimes décédées) a expliqué que ses services appliquaient la méthode Interpol, qui se base exclusivement sur une reconnaissance scientifique. C'est à dire une validation formelle via l'ADN, les dents ou les empreintes digitales. «On évite absolument la reconnaissance visuelle, car cela peut mener à des erreurs», a-t-il insisté. Pour ce faire, le DVI doit obtenir les données médicales «antemortem» des victimes, ce qui peut-être particulièrement long quand il s'agit de ressortissants étrangers. Le commissaire a cependant assuré que la «récolte de ces informations» était terminée.
Le bilan sur les «scènes de crime» est inchangé : 31 morts, dont les trois kamikazes. Il reste néanmoins des «centaines de morceaux de corps à faire "matcher"» rappelle Ine Van Wymersch, porte-parole du parquet de Bruxelles. Didier Vanderhasselt, porte-parole du ministère des Affaires étrangères belges, a annoncé l'identification de 11 victimes étrangères, de huit nationalités différentes. En tout, 24 victimes décédées auraient été identifiées sur 28 recensées ; mais il ne s'agit pas d'une liste définitive, les attentats n'étant pas une «catastrophe "fermée"», rappelle Christian Decobecq. Une centaine de blessés sont encore hospitalisés, soit un tiers des patients admis après les attentats, sur 33 sites, dont 62 en soins intensifs.
Ce samedi, un ressortissant algérien, Djamal Eddine Ouali, a été arrêté samedi dans la région de Salerne, près de Naples (sud de l’Italie) à la demande de la justice belge, ont annoncé plusieurs médias italiens, citant la police. Il est soupçonné d’avoir fait partie d’un réseau criminel qui fabriquait de faux documents d’identité et favorisait l’immigration clandestine, selon l’agence AGI. Il devrait être extradé dans les prochains jours.
La «marche contre la peur» annulée
Par ailleurs, les autorités ont demandé au public de ne pas prendre part à la marche «contre la peur», lancée par plusieurs pages Facebook et qui doit se tenir dimanche place de la Bourse à Bruxelles. «Vu le niveau de la menace qui reste maintenu, vu les enquêtes en cours et étant donné la mobilisation et la capacité policière sur le terrain nous voulons inviter les citoyens à ne pas manifester demain», a déclaré le maire de Bruxelles Yvan Mayeur.
Entre 100 000 et 200 000 personnes étaient attendues : un défi pour les services de sécurité belges dans un contexte encore tendu.«On comprend l'émotion et on en appelle à la responsabilité des citoyens, explique un des porte-paroles du centre de crise. Il faut que les gens comprennent que nos équipes de police sont actuellement très sollicités, il y a encore des perquisitions en cours. Il faut laisser les services faire leur job».
Dans la foulée les organisateurs de la marche ont annoncé son annulation dans un communiqué : «La sécurité des citoyens est une priorité absolue. Dès lors, nous rejoignons totalement les autorités dans cette proposition de report à une date ultérieure. Nous demandons donc, à notre tour, aux citoyens de ne pas venir ce dimanche à Bruxelles».