Son nom même signifie «le pays des purs». Le Pakistan est né par l’islam pour être le pays des musulmans d’Asie du Sud lors de la partition avec l’Inde, en 1947, sur fond de massacres de masse entre hindouistes et fidèles du Prophète. Ce pays était, dès sa création, un «Etat idéologique» dont la religion était et reste la principale raison d’être. C’est devenu l’une de ses fragilités. Le très rigoriste Pakistan d’aujourd’hui n’a certes pas grand-chose à voir avec celui dont rêvaient ses inspirateurs, à commencer par le grand philosophe Iqbal. La pression des fondamentalistes y est de plus en plus forte, notamment depuis le coup d’Etat militaire de 1977, qui ne fut pas le dernier. L’actuel Premier ministre, Nawaz Sharif, en sait quelque chose, pour avoir déjà été par deux fois renversé par une armée dont l’ombre portée continue de conditionner la vie politique. La pression croissante des mouvements islamistes les plus radicaux sur l’ensemble de la vie publique est de plus en plus évidente, même s’ils restent électoralement minoritaires. Les attentats sont désormais toujours plus meurtriers, y compris sur le territoire pakistanais. Si la lutte contre le terrorisme amène le pouvoir civil et l’armée à faire bloc, cette dernière a longtemps joué les apprentis sorciers, manipulant au travers de ses services secrets aussi bien les talibans afghans contre Kaboul que des groupes islamistes ultraradicaux du Cachemire, dont ceux qui furent les responsables des sanglants attentats de Bombay en 2008 (près de 200 morts), contre New Dehli. Le retour de flamme était prévisible. Certains groupes ont déjà prêté allégeance à l’Etat islamique, ce qui rend encore un peu plus explosive et complexe la donne dans ce qui est le seul pays musulman détenant l’arme nucléaire.
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