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Libération

Le ministre allemand de l’Agriculture préfère broyer des poussins plutôt que de mécontenter les éleveurs

publié le 31 mars 2016 à 20h21

Alors qu'une vidéo choc sur les abattoirs relance le débat sur la maltraitance animale en France, le gouvernement allemand a décidé de ne pas décréter la fin du broyage des poussins mâles. Pas rentables pour les éleveurs - ils ne pondent pas d'œufs et leur croissance est trop lente pour la viande -, ces animaux sont systématiquement éliminés à la naissance.

En Allemagne, 50 millions de poussins sont ainsi broyés chaque année dès l'éclosion, dont 27 millions dans le seul Land de Basse-Saxe, numéro 1 allemand de l'élevage de volaille. La plupart des pays européens, dont la France, pratiquent le broyage. Ailleurs, on a recours au gazage des poussins mâles. La majorité CDU-SPD, au pouvoir en Allemagne, avait promis de stopper d'ici à 2017 (fin de la législature) cette pratique. «Si on interdit le broyage des poussins par la loi, les éleveurs iront s'installer à l'étranger», a finalement tranché, jeudi, Christian Schmidt, le ministre allemand de l'Agriculture, CSU (aile bavaroise et hyperconservatrice du parti chrétien-démocrate). La prise en compte d'intérêts économiques ne doit plus justifier la mise à mort systématique des poussins, rétorquent les Verts et les néocommunistes de Die Linke, assis sur les bancs de l'opposition au Bundestag. Les amis des animaux misent désormais sur le progrès technique pour mettre fin à cette pratique jugée barbare. Le Land de Basse-Saxe, numéro 1 du broyage mais dirigé par les sociaux-démocrates et les Verts, a justement un Vert à la tête de son agriculture. Et Christian Meyeren en a fait une de ses priorités. «Nous voulons mettre fin au plus tard l'an prochain au broyage des poussins», explique le ministre du Land, qui envisage d'obliger ses éleveurs à procéder à une sélection dans l'œuf. Cette méthode (à l'étude dans un laboratoire de recherche commun à Leipzig et à Dresde) pourrait mettre fin au calvaire des poussins. Le repérage des mâles avant éclosion ne coûterait que 1 à 2 centimes par œuf. A Berlin, on mise aussi sur cette technique. La loi actuelle sur la protection des bêtes, qui interdit de tuer un animal sans motif, condamneraitautomatiquement le recours au broyage, puisqu'il existerait alors une alternative à l'abattage.