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Libération
Espionnage

Une taupe ukrainienne démasquée à Moscou

Les services de renseignements russes ont arrêté un homme qu'ils suspectaient de vouloir les infiltrer. Son identité a été confirmée par l'Ukraine.
Le siège du FSB, à Moscou. (Photo Sergei Karpukhin. Reuters)
publié le 1er avril 2016 à 16h22

Les services secrets russes ont déjoué les plans d'un espion ukrainien, «entraîné par la CIA», qui aurait cherché à les infiltrer. «Le lieutenant-colonel Iouri Ivantchenko du département de contre-espionnage du SBU [services de sécurité ukrainiens, ndlr] a été arrêté le 26 mars sur le territoire russe, [venu] pour participer à une opération pendant laquelle il devait être recruté par le FSB», a affirmé jeudi le FSB (ex-KGB), en précisant que l'agent ukrainien s'était rendu en Russie en prétextant une visite familiale, alors même que les services secrets ukrainiens interdisent à leurs employés d'entrer en Russie. Du reste, le FSB l'attendait de pied ferme, renseigné sur ses projets «avant son arrivée».

Dans un montage vidéo diffusé par la chaîne REN-TV (qui renvoie au service de com du FSB), l'espion en question passe ce qui ressemble à des entretiens d'embauche. «Je travaille pour le SBU depuis 2001 et jusqu'à aujourd'hui. Je ne soutiens pas l'idéologie projetée actuellement par le président et le gouvernement [ukrainiens]», explique un homme corpulent, cheveux ras et barbe taillée en bouc, filmé en caméra cachée. Il déplore aussi l'invasion des structures du pouvoir ukrainiennes par des agents américains «qui mènent des opérations de vol et d'extermination de gens dans le Donbass [territoire disputé de l'est de l'Ukraine] […] Tous les documents sont signés par nos fonctionnaires sous l'égide des Américains».

«Trahison d’Etat»

Selon le FSB, ce n'est pas la première fois qu'Ivantchenko cherche à proposer ses services au FSB, il avait déjà tenté le coup en 2014. Immédiatement après avoir été démasquée, la «taupe» a demandé d'être mis en relation avec l'ambassade ukrainienne à Moscou, «sans craindre d'être accusé de trahison d'Etat», relève le FSB. Dans la mesure où il n'a pas eu le temps de «causer de dommages à la Russie», il sera simplement expulsé et interdit d'entrée.

Le chef du SBU, Vassili Gritsak, a fini par confirmer l'identité de Iouri Ivantchenko et son appartenance aux services secrets, tout en démentant une quelconque opération d'infiltration. «Notre agent se trouve actuellement en Russie sans autorisation. […] Depuis mai 2014 il n'a plus accès aux informations classées secret […] Il sera licencié sous peu», a-t-il déclaré.

Ivantchenko n’est pas le premier Ukrainien accusé d’espionnage par les autorités russes. Avant lui, il y a eu Valentin Vygovsky, condamné en décembre 2015 à onze ans de prison, car il aurait recruté des spécialistes au sein du ministre de la Défense russe. Deux mois plus tôt, Souri Solochenko, directeur à la retraite de l’usine d’armement ukrainienne Znamia, avait écopé de six ans ferme pour avoir essayé, selon le FSB, d’acheter des composantes secrètes du S-300, un système de défense antiaérien, pour les rapatrier en Ukraine.