Dans son dernier rapport, publié ce mercredi, WWF dénonce l'impact des activités industrielles sur le patrimoine mondial. «114 des 229 sites naturels et mixtes inscrits au Patrimoine mondial sont menacés par des activités industrielles néfastes», écrit le Fonds mondial pour la nature dans son rapport intitulé «Protéger les hommes en préservant la nature». Parmi les sites en danger, l'ONG mentionne les forêts tropicales humides de l'île indonésienne de Sumatra, menacées tant par l'exploitation forestière que par les concessions minières pétrolières et gazières, le Parc national de Doñana en Espagne, classé zone humide d'importance internationale et connu pour accueillir six millions d'oiseaux migrateurs, menacé par la réouverture d'une mine, ou encore la Réserve de gibier de Selous en Tanzanie, affecté aujourd'hui par la construction d'infrastructures hydroélectriques.
Des sites grandioses, qui occupent 0,5 % de la surface de la Terre. «La beauté et la richesse des paysages naturels et de la biodiversité qu'ils abritent en font les joyaux de la couronne, décrit Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Si nous ne sommes pas capables de protéger cette toute petite partie de notre planète, qui peut penser que nous serons capables de protéger le reste ?»
Concessions pétrolières et gazières, déforestation, surpêche
L’ONG cible cinq causes majeures: l’exploration et l’extraction des concessions pétrolières, gazières et minières, l’exploitation forestière illégale, la création de grandes infrastructures, la surpêche ainsi que la surexploitation des ressources en eau. Des activités qui sont le plus souvent le fait d’entreprises multinationales et de leurs filiales. La vie d’au moins onze millions d’individus, soit l’équivalent de la population du Portugal, est directement affectée par ces menaces.
Le WWF exhorte les gouvernements nationaux à «interdire toute activité industrielle pouvant avoir un impact sur la valeur universelle exceptionnelle des sites du Patrimoine mondial.» Les entreprises sont aussi appelées à «ne plus exercer d'activité susceptible de dégrader les sites.» Actuellement, près de 20% des sites naturels du patrimoine mondial comptent une concession pétrolière ou gazière sur leur territoire.
Le récif de la barrière de Belize en péril
Parmi les sites naturels les plus affectés par l'activité humaine, le récif de la barrière de Belize, au nord-est de l'Amérique centrale, est un cas d'espèce. Inscrit au patrimoine mondial en 1996 pour être «l'un des écosystèmes récifaux les mieux préservés du continent américain», le site est ajouté treize ans plus tard à la liste noire du patrimoine mondial en péril. En cause : la construction de stations balnéaires et de logements sur son territoire, à laquelle sont venus s'ajouter le forage pétrolier en mer et la surpêche. Des activités qui ont profondément dégradé la barrière de corail, deuxième plus grande au monde.
Pour le WWF, la solution se trouve dans le tourisme soutenable, qui en plus de développer l'économie nationale, protégerait l'écosystème. Une voie vers laquelle semble s'orienter timidement le gouvernement de Belize. En 2011, il adopte le «Plan directeur national pour un tourisme durable en 2030» pour soutenir le développement de projets de tourisme soutenable et est aujourd'hui sur le point de voter un nouveau programme de «gestion intégrée des zones côtières», qui découpera l'ensemble du littoral bélizien en zones destinées à être préservées, restaurées ou aménagées. Pourtant, certaines entreprises font fi de cette nouvelle législation. A l'image de la compagnie américaine Norwegian Cruise Line, qui construit actuellement un grand ensemble formé d'un terminal de croisière et d'un centre de loisirs. Un récent contrôle effectué sur place par le ministère bélizien de l'Environnement a ainsi montré que les récifs coralliens avoisinants avaient été endommagés.