Menu
Libération

L’Angola victime de la malédiction pétrolière

Publié le 07/04/2016 à 20h01

Sur la photo, l’Angola laissait apparaître un paysage économique enviable. Appauvris par la crise, les Portugais avaient même fait de leur ancienne colonie leur «nouvelle Amérique». Patatras. Frappé par l’effondrement des cours du pétrole, Luanda s’est résigné mercredi à demander l’aide du Fonds monétaire international (FMI).

A 39 dollars le baril, l'Etat est endetté et ses caisses vides. La diminution des liquidités et le ralentissement économique pèsent de plus en plus sur le système bancaire, très dépendant du secteur pétrolier. Les faillites se multiplient. Certes, le taux de croissance sera (encore) positif cette année (2 %). Presque rien comparé au taux moyen de 12 % entre 2002 et 2013. Les discussions avec le FMI commenceront la semaine prochaine. Selon Min Zhum, un de ses cadres, le plan d'aide sera conditionné à des mesures d'économie et pourrait s'étaler sur trois ans : «Le déclin brutal des prix du pétrole depuis la mi-2014 représente un défi majeur pour les exportateurs de pétrole, notamment ceux dont les économies doivent encore être diversifiées», a-t-il dit. Les économistes du FMI ne manqueront pas de s'attarder sur ce miracle économique qui tourne au cauchemar.

Tout commence en 2002, lorsqu’un cessez-le-feu est conclu entre les forces armées angolaises et les rebelles de l’Union pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita). Personne ne parie alors sur ce pays saigné par des décennies de conflits. C’était sans compter sur le magot des matières premières.

Le sous-sol de l’Angola regorge de gaz, de diamants, de métaux ou d’uranium. Et surtout de pétrole. Avec une production de 2,5 millions de barils par jour, l’Angola devient le second producteur de pétrole d’Afrique, juste derrière le Nigeria. A elles seules, les recettes de l’or noir assurent près de 75 % des rentrées fiscales. Mais le régime du président Dos Santos, au pouvoir depuis 1979 n’a jamais utilisé cette manne pour diversifier l’économie et éviter un choc pétrolier le jour où la courbe des cours s’inverse.

Le pays, l’un des plus corrompus au monde, n’a pas su, non plus, en profiter pour réduire les inégalités. La moitié de la population de l’Angola vit encore avec moins de 2 dollars par jour.