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De Messi à DSK, de Xi Jiping à David Cameron : retour sur une semaine de «Panama papers»

Toute la semaine, un consortium d’investigation a révélé de nombreuses informations concernant un scandale fiscal d’ampleur internationale. «Libération» fait le point sur ces affaires de montages financiers offshore.

Le nouveau Premier ministre islandais, Sigurður Ingi Jóhannsson, après la démission de son prédécesseur, Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, jeudi. (Photo Halldor Kolbeins. AFP)
Publié le 08/04/2016 à 17h01

Toute la semaine, un consortium d'investigation a révélé de nombreuses informations autour des «Panama Papers», scandale fiscal d'ampleur internationale. Libération fait le point sur les diverses révélations, et leurs conséquences.

Dans plusieurs pays, le pouvoir ébranlé

Le Premier ministre islandais a démissionné. C'est sans doute la répercussion la plus importante à ce jour de l'affaire. Soupçonné d'avoir détenu une société offshore, Sigmundur David Gunnlaugsson a renoncé mardi à son poste de chef du gouvernement islandais. De 8 000 à 22 000 manifestants islandais avaient appelé la veille à sa démission.

David Cameron a avoué. Le Premier ministre britannique a admis jeudi avoir bénéficié de parts dans la société offshore détenue par son père, aujourd'hui décédé. David Cameron affirme cependant avoir payé des impôts sur les dividendes encaissés, avant la vente de l'entreprise en 2010.

La famille royale espagnole éclaboussée. La tante du roi Felipe VI, Pilar de Bourbon, a reconnu mercredi avoir détenu une société au Panama. Mais des coïncidences de date laissent soupçonner que celle-ci pourrait avoir directement servi aux monarques Juan Carlos et Don Juan.

Les achats offshore du roi du Maroc analysés. Mohammed VI serait le bénéficiaire de deux sociétés offshore. Elles lui auraient notamment permis d'effectuer des transactions privées, comme l'achat d'un bateau, des investissements dans une société cotée à la Bourse de Casablanca, ou encore l'achat et la rénovation d'un hôtel particulier à Paris.

Des doutes sur le pétrole algérien. Chakib Khelil est une figure du clan Bouteflika. Cet ami d'enfance du président algérien, ministre de l'Energie durant onze ans, est empêtré dans une affaire de corruption autour de l'argent du pétrole depuis 2010. Les «Panama papers» révèlent que Mossack Fonseca a enregistré, au début des années 2000, une myriade de sociétés offshore pour le compte d'un de ses hommes de confiance, Farid Bedjaoui, lui-même neveu d'un ancien ministre des Affaires étrangères.

Les ruses du clan Assad. L'enquête du consortium montre comment le clan Assad a ouvert de multiples sociétés écran afin de contourner les sanctions internationales dont elle était l'objet, en même temps qu'elles camouflaient sa fortune. Ces manœuvres auraient notamment été dirigées par Rami Makhlouf, homme d'affaires et cousin germain de Bachar al-Assad.

Vladimir Poutine crie au complot. «Quel élément de corruption ? Il n'y en a aucun.» Le chef de l'Etat russe a rejeté toute accusation de fraude jeudi, alors que le Monde assure avoir retracé un vaste système de détournement de fonds public. Trois jours plus tôt, le porte-parole du Kremlin avait dénoncé une opération de déstabilisation.

En Chine, le silence est d'or. Huit membres de l'actuel Comité permanent du Parti communiste chinois (l'organe suprême du PCC), ou des précédents, sont indirectement concernés par les «Panama papers», notamment par le biais de membres de leur famille. Ainsi de l'actuel président, Xi Jinping, dont le beau-frère aurait acquis deux sociétés dans les îles Vierges britanniques en 2009. Des informations passées sous silence par la presse du pays.

Le président argentin en sursis. Le nom de Mauricio Macri, le président argentin, apparait dans les registres de deux sociétés offshore enregistrées via Mossack Fonseca. Une enquête judiciaire a été annoncée, afin de vérifier si le chef de l'Etat avait omis de déclarer des revenus au fisc.

Au Brésil, l'affaire Petrobas scrutée. Les «Panama papers» éclairent le rôle clé de Mossack Fonseca dans le scandale de corruption tentaculaire de Petrobras, impliquant l'entreprise pétrolière publique et des dirigeants politiques. Le président de la chambre des députés brésilienne, Eduardo Cunha, semble notamment y détenir un rôle central.

Et aussi. Le roi d'Arabie Saoudite, Salmane Al Saoud, le président ukrainien, Petro Porochenko, le président des Emirats Arabes Unis, Khalifa bin Zayed, ou encore la famille du Premier ministre pakistanais apparaissent tous dans les «Panama papers».

En France, des politiques pas épargnés

Le Front national embarrassé. L'enquête met en lumière des liens susceptibles de rattacher un compte hébergé à Guernesey à Jean-Marie Le Pen et son épouse. 2,2 millions d'euros auraient fait l'objet d'optimisation, voire de fraude fiscale. Un système financier aurait par ailleurs été monté par l'homme d'affaires Frédéric Chatillon et l'expert-comptable Nicolas Crochet, des proches de Marine Le Pen. 316 000 euros auraient été sortis du territoire français, avec la volonté présumée d'échapper aux services antiblanchiment.

Les Balkany et leur villa marocaine. La villa «Dar Gyucy», située dans la Palmeraie de Marrakech, appartient-elle au couple Balkany ? C'est ce que la justice tente de prouver. Les «Panama papers» semblent aller dans ce sens. Mossack Fonseca aurait enregistré la société propriétaire du riad à la demande de Jean-Pierre Aubry, le bras droit du couple.

L'affaire Guérini exhumée. Entre marchés truqués, gestion suspecte des décharges et blanchiment d'argent, l'affaire Guérini avait dévoilé de nombreux montages financiers complexes du clan de Jean-Noël et Alexandre Guérini. L'enquête menée par le consortium international d'investigation les confirme.

Le trésor baroudeur de Cahuzac. L'enquête révèle les montages financiers d'une autre figure politique française : Jérôme Cahuzac. Entre les années 1990 et 2009, les économies de l'ancien ministre délégué au Budget seraient passées par les Seychelles, Panama et les îles Samoa… jusqu'à son compte caché à Singapour.

Panama, lieu de rendez-vous du business mondial

Les mauvaises affaires de DSK. Le fonds d'investissement de DSK, Leyne, Strauss-Kahn & Partners (LSK), aurait aidé durant des années de riches clients à créer des sociétés offshore, ainsi que des montages financiers permettant notamment de frauder le fisc. L'entourage de l'ancien patron du FMI assure que celui-ci n'était pas au courant de ces manœuvres, qui avaient commencé avant son arrivée dans l'entreprise.

La Fifa fait honneur à sa réputation. Le Suisse Gianni Infantino, patron de l'instance mondiale de footaball depuis le 26 février, aurait signé en 2006 et 2007 des contrats commerciaux suspects au nom de l'UEFA, en dessous des prix du marché, avec l'entreprise offshore d'hommes d'affaires mis en cause dans un précédant scandale. Autre cadre de la Fifa mis en cause, Juan Pedro Damiani a démissionné.

Des patrons de clubs de foot français suspectés. Robert Louis-Dreyfus, ancien patron du club de foot marseillais aujourd'hui décédé, a créé une société offshore. Il apparaît comme coactionnaire de deux sociétés. La dernière, domiciliée aux îles Vierges britanniques, a été créée le 12 juin 2009, soit moins d'un mois avant le décès de l'ancien patron d'Adidas. Une pratique dont se sont peut-être inspiré le Russe Dmitri Rybolovlev, président et actionnaire majoritaire de l'AS Monaco depuis décembre 2011, et Waldemar Kita, le président franco-polonais du club de football du FC Nantes. Tous deux figureraient également derrière plusieurs sociétés offshore.

La Société générale décriée. Frédéric Oudéa affirmait en 2012, face aux sénateurs, que la Société générale, dont il est le patron, n'avait plus aucune activité au Panama. La banque apparaît pourtant comme l'un des plus gros clients du cabinet panaméen Mossack Fonseca. Les sénateurs communistes ont demandé mercredi au bureau du Sénat de lancer des poursuites judiciaires et les dirigeants de la banque ont été convoqués par Bercy.

Patrick Drahi dément. Patrick Drahi (propriétaire de Libération) a admis dans un communiqué que le groupe Altice avait «recouru à une société panaméenne, entre novembre 2008 et décembre 2010». Mais la publication affirme que «ni Patrick Drahi ni le groupe Altice n'ont jamais détenu, directement ou indirectement, de participation» dans cette société.

Strass, paillettes et optimisation fiscale

Pedro Almodovar sacrifie la promo de son film. Entre 1991 et 1994, le réalisateur espagnol et son frère ont détenu une société offshore dans les îles vierges britanniques. Quelques jours avant la sortie de son film Julieta, Pedro Almodovar a choisi d'annuler sa tournée promotionnelle. Pour des questions de «priorité informative».

Vargas Llosa, prix Nobel «abasourdi». Le Prix Nobel de littérature 2010, Mario Vargas Llosa, a assuré jeudi qu'il n'avait jamais eu connaissance du compte offshore à son nom révélé par les Panama papers.

Michel Platini assure être au clair. L'ancien président de l'UEFA, suspendu six ans de toute activité du monde du football pour des soupçons de corruption, aurait eu recours aux services du cabinet Mossack Fonseca en 2007 pour administrer une société au Panama. Il a assuré que sa situation était connue de l'administration suisse.

Mauvais timing pour Lionel Messi. Les «Panama papers» montrent que la star argentine aurait essayé de créer un nouveau réseau fiscal, au moment où il était rattrapé par le fisc espagnol. Un procès contre le footballeur et son père pour évasion fiscale s'ouvre le 31 mai.