«Quand ils ont attaqué Damasak [au Nigeria, sur la frontière avec le Niger, ndlr], nous avons fui. Mais une fois au bord de la rivière Komadougou Yobé, j'ai vu les cadavres qui flottaient et je n'ai pas voulu entrer dans l'eau. Avec mon mari, nous avons choisi de retourner chez nous. Nous nous sommes cachés dans la paille mais les insurgés m'ont trouvée vers 4 heures du matin. Mon mari entendait, mais il ne pouvait rien faire. J'ai été captive pendant vingt et un jours. J'étais enceinte de ma petite fille. Parmi les Boko Haram, il y avait des enfants, des vieux, des hommes, des adultes. Certains étaient en tenue militaire, d'autres en civil. La majorité avaient beaucoup de cheveux et on ne voyait pas leurs oreilles. Nous étions dans une maison, les insurgés ouvraient juste la porte, déposaient à manger et refermaient. Pendant la durée de ma captivité, aucune femme n'a été mariée de force. Au bout de vingt et un jours, ils ont séparé les femmes en deux groupes. Ils ont pris une moitié et libéré les autres. Moi, j'ai été libérée. Ils ont dit que chacune pouvait partir où elle voulait. Les femmes qui ont été enlevées, on ne connaît pas leur sort. Elles ont été emmenées. On n'en a jamais revu une seule [plus de 500 femmes et enfants ont été enlevés à Damasak fin 2014].»
AÏSSA, 25 ans «Ils ont pris une moitié des femmes et libéré les autres»
par Pierre Nkoghé
publié le 11 avril 2016 à 19h51
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