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Libération

Halima, 30 ans «Les maris, ils les tuent, Les femmes, ils les gardent»

publié le 11 avril 2016 à 19h51

«J'étais assise dans ma maison, à Baga [Nigeria], quand j'ai vu tout le monde courir en tous sens. On disait : "Boko Haram est là !" Même les militaires fuyaient, alors nous aussi, nous nous sommes enfuis. On a passé une nuit en brousse. Mais je ne pouvais pas rester, j'étais enceinte, j'avais mal. Je suis retournée en ville avec ma petite fille. J'ai accouché la nuit, seule, dans la ville. Je me suis cachée. J'ai passé dix jours dans la maison sans que personne ne me trouve, mais ils ont fini par me découvrir. Ils m'ont ordonné de rejoindre le lieu où ils entassaient un groupe de personnes capturées. Ils nous insultaient sans cesse, nous disaient : "Vous êtes des femmes de mécréants." Ils n'arrêtaient pas de nous tabasser. De temps en temps, ils prenaient des femmes. Certaines étaient tuées, d'autres emmenées pour être mariées de force dans leurs villages. Les maris, ils les tuent. Les femmes, ils les gardent. Car, pour eux, c'est d'abord leur butin de guerre. Ils les prennent pour les marier de force. D'autres, ils font des choses avec elles. J'ai eu de la chance, je me suis enfuie quand ils dormaient.»