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Libération
éditorial

Syrie : la trêve au bord du gouffre

publié le 14 avril 2016 à 19h41

Le nouveau round de négociations de paix sur la Syrie a commencé aussi mal que les précédents avaient fini. Alors qu’il a officiellement débuté mercredi, la délégation du régime de Bachar al-Assad ne devait rejoindre Genève que vendredi. Un retard dû aux élections législatives que le gouvernement syrien a tenu à organiser mercredi.

Le scrutin relève du subterfuge. Après cinq ans de guerre et près de 300 000 morts, il n'a pu se tenir que dans les zones contrôlées par le régime, soit pour environ 60 % de la population. Il a en outre été boycotté par les Kurdes, qui ont affirmé ne pas se sentir «concernés». Le résultat des élections ne fait de toute façon aucun doute, le parti Baas accaparant le pouvoir depuis plus de cinquante ans. Vu de Genève, ces élections vont à l'encontre de la feuille de route fixée par la résolution 2 254 du Conseil de sécurité de l'ONU. Celle-ci prévoit, depuis le 14 mars, une période de dix-huit mois pour mettre en place une transition et organiser des élections présidentielle et législatives.

Ce plan n'a toutefois aucune chance de se réaliser dans les conditions actuelles. La délégation du Haut Comité des négociations, qui représente les principaux opposants au régime syrien, refuse que Bachar al-Assad fasse partie de l'autorité de transition. Pour Damas, c'est impensable, le sort du président syrien étant assimilé à «une ligne rouge».

Jeudi, à la veille de l’arrivée à Genève des envoyés du régime, ses troupes ont lancé une offensive pour tenter d’empêcher les rebelles d’accéder à Alep, la grande ville du Nord. La trêve, entrée en vigueur le 27 février et violée à plusieurs reprises depuis, est désormais sur le point de sombrer.