«Qui doit-on croire, le ticket de caisse ou le gouvernement ?» a lancé une Moscovite, inquiète de l'inflation constante malgré les déclarations apaisantes des dirigeants. «Les deux», lui a répondu Vladimir Poutine sans sourciller.
C'était mercredi, lors du rendez-vous télévisé annuel du président russe avec le peuple, devenu un rituel incontournable. S'il s'agit d'un direct retransmis par les principales chaînes de télé, les questions ont été triées sur le volet (parmi 3 millions de coups de fil, textos et messages vidéos). Ce n'est pas un hasard si l'émission qui dure trois heures et quarante minutes a été surnommée «séance de thérapie collective» par les chroniqueurs russes. «Ce qu'il faut montrer par-dessus tout au téléspectateur, c'est le rôle stabilisant, équilibrant du chef de l'Etat», résume dans un billet la politologue Ekaterina Schulmann. Vladimir Poutine a réponse à tout, et même son embarras face à certaines interpellations, paraît feint.
Au-delà des objectifs du pouvoir et de ses propagandistes, la Ligne directe a surtout pour effet de montrer que le pays continue à être dirigé en «pilotage manuel» par un leader qui distribue les grâces et dont la parole fait acte. Le Président en personne doit se mêler des problèmes des citoyens pour qu'une solution apparaisse.
Ainsi, il n'a pas fallu trois quarts d'heure pour que les autorités de la région d'Omsk, en Sibérie, promettent de réparer avant le 1er mai des routes défoncées qu'une jeune résidente a signalées. Des patrons d'usine se sont fait tancer et ont juré de régler les dettes d'impayés de salaires, chiffrées en millions de roubles, qui traînent depuis des mois. Et Ilya, un enfant prodige, partira enfin en colonie de vacances pour surdoués : Poutine a promis de s'en occuper.