C'est une bataille sans merci à laquelle se sont livrés, jeudi, les deux candidats à la primaire démocrate, Hillary Clinton et Bernie Sanders, sur la scène de la Duggal Greenhouse, dans les anciens chantiers navals de Brooklyn. De Wall Street au salaire minimum et du contrôle des armes à Israël, les deux candidats ont tout fait pour se démarquer pendant deux heures de débat passionné. Dès les premières minutes, Bernie Sanders a donné le ton. A la question de savoir si Hillary Clinton avait l'expérience et l'intelligence pour devenir présidente, il a répondu : «Bien sûr qu'elle l'a.» Avant de dénoncer la «capacité de jugement» de celle qui a voté la guerre en Irak, qu'il qualifie de «pire erreur de politique étrangère dans l'histoire de ce pays».
Au sujet de Wall Street, Hillary Clinton a rappelé qu'elle nommerait de sévères régulateurs pour s'assurer que la loi Dodd-Frank, votée après la crise financière de 2008 soit pleinement mise en œuvre. Une mesure insuffisante pour le sénateur du Vermont, qui a renouvelé son attaque favorite contre son adversaire sur ses conférences rémunérées pour Goldman Sachs. «Etait-ce avant ou après que vous avez reçu de grosses sommes d'argent pour faire des discours ? Ils ont dû être très très contrariés par ce que vous leur avez dit», a-t-il ironisé.
Le débat a rebondi sur le contrôle des armes à feu, une question sensible dans l’Etat de New York. L’ex-sénatrice a accusé Bernie Sanders d’avoir voté cinq fois contre la loi Brady, qui a introduit une vérification des antécédents des acheteurs d’armes dans les années 90, et en faveur d’une autre loi qui protège toujours efficacement les fabricants d’armes à feu de toute responsabilité juridique.
We need a president who will always put families above the gun lobby. #DemDebatehttps://t.co/fh7oXAZLn0
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) April 15, 2016
En matière de politique étrangère, le débat s'est cristallisé sur la question d'Israël, Bernie Sanders dénonçant le soutien inconditionnel de l'ancienne secrétaire d'Etat du pays. «Si notre but est de rechercher la paix, nous ne devons pas dire à Nétanyahou qu'il a toujours raison», a-t-il déclaré.
If we are going to achieve peace, we are going to have to treat the Palestinian people with respect and dignity. #DemDebate
— Bernie Sanders (@BernieSanders) April 15, 2016
L'augmentation du salaire minimum à 15 dollars l'heure (13,2 euros) les a également opposés. Hillary Clinton a affirmé qu'elle était prête à signer une loi en ce sens. «Je suis sûr que beaucoup de gens sont très surpris d'apprendre que vous êtes pour cette augmentation», a répondu Bernie Sanders.
Hillary Clinton a également fait une intervention marquante au sujet des droits des femmes à avorter. «Nous avons un candidat présidentiel, nommé Donald Trump, qui dit que les femmes devraient être punies et nous n'avons jamais parlé de ce sujet», a-t-elle déploré. A noter que ce sera la seule allusion à leur adversaire républicain de toute la soirée.
Donald Trump said women should be punished for seeking an abortion. That's not a distraction—it's a disgrace.https://t.co/sbJ3opebyB
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) April 15, 2016
Avec 291 délégués démocrates en jeu, le plus gros butin après la Californie, l’Etat de New York est déterminant pour la course à l’investiture. Hillary Clinton a déjà engrangé plus de 1 700 délégués, contre un peu plus de 1 100 pour Bernie Sanders, sur les 2 383 nécessaires pour devenir le candidat du Parti démocrate à l’élection présidentielle.
A cinq jours d'un vote crucial, tout est bon pour gagner des points. Les deux candidats n'ont cessé de mettre en avant les liens très forts qu'ils entretiennent avec les New-Yorkais. Alors que Bernie Sanders a insisté sur le fait qu'il est né à Brooklyn, Hillary Clinton s'est dit «honorée» d'avoir servi au cours de deux mandats successifs les habitants de la ville, exprimant son intention de porter «les valeurs de New York» à la Maison Blanche.
Selon les derniers sondages, Hillary Clinton conserve une avance confortable (57% contre 40%). Reste que face à la détermination dont a fait preuve Bernie Sanders jeudi soir, l'écart pourrait bien se réduire.