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Climat

Pourquoi l'expédition Tara met le cap sur le Pacifique

Depuis douze ans, l'expédition parcourt le globe pour comprendre l'impact des changements climatiques sur les océans. Là voilà qui se met au chevet des récifs coralliens, menacés par le réchauffement.
Gaby Gorsky, coordinateur scientifique de «Tara», en août en mer. (Photo Yann Chavance. AFP)
publié le 15 avril 2016 à 8h11

Après avoir parcouru la Méditerranée il y a deux ans, la goélette scientifique Tara reprendra le large le 28 mai pour une nouvelle expédition en Asie Pacifique. Le but : étudier les récifs coralliens et leur évolution face aux changements climatiques. S'ils ne représentent que 0,2% de la superficie des océans, ils concentrent près de 30% de la biodiversité marine connue. «Leur santé est donc cruciale pour la diversité des espèces qu'ils abritent mais aussi pour l'humanité», expliquent les organisateurs. Pourtant, ces récifs coralliens sont actuellement menacés. En cause : l'acidification des océans qui nuit à la croissance du récif et le réchauffement des eaux qui provoque un phénomène de blanchissement des coraux.

A cela viennent s’ajouter des facteurs locaux tels que la surpêche, la pollution, la sédimentation due à l’érosion ou encore l’urbanisation massive des côtes. Selon une étude du World Resource Institute réalisée en 2011, 20% des récifs coralliens sont aujourd’hui détruits tandis que 35% risquent de disparaître d’ici dix à quarante ans. Le phénomène climatique El Nino, qui entraîne un réchauffement des eaux du Pacifique et de l’océan Indien, aggrave leur destruction. Lors de l’épisode El Nino de 1998, 18% des coraux avaient ainsi disparu en six mois.

40 000 échantillons en deux ans

Les 70 scientifiques qui participeront à l'expédition diviseront leur travail en trois axes. «Il s'agira d'étudier la biodiversité de ces récifs, leur état de santé et leur adaptation au réchauffement climatique», détaille Denis Allemand, codirecteur de Tara Pacific. Au total, 40 archipels seront analysés et dix sites feront l'objet d'études ciblées. Les chercheurs prévoient de recueillir plus de 40 000 échantillons en deux ans. Des escales sont aussi prévues dans de nombreux pays d'Asie pour partager avec les communautés locales ces enjeux environnementaux. Tara accueillera également huit artistes pour «partager et faire découvrir le travail des scientifiques à bord.»

Du canal du Panama à l'archipel du Japon, de la Nouvelle-Zélande jusqu'en Chine, le voilier parcourra plus de 100 000 kilomètres. Dans cette optique, il a été complètement rénové durant trois mois. «On ne pouvait pas s'imaginer il y a dix ans qu'on ferait une telle chose avec un voilier. On a su le transformer pour mener à bien des recherches très longues», se réjouit Romain Troublé, directeur général de la fondation Tara Expéditions.

Alors que la goélette scientifique est encore amarrée dans le port de Lorient, l'équipe envisage déjà sa prochaine expédition à partir de 2019. Destination l'Arctique, douze ans après «sa première dérive arctique historique».