Le pape François a quitté l'île grecque de Lesbos accompagné de douze réfugiés syriens, dont six mineurs, à destination du Vatican, où ils seront hébergés, a annoncé samedi le Saint-Siège dans un communiqué.
Il s’agit de trois familles musulmanes, dont les «maisons ont été bombardées», l’une venant d’une zone occupée par l’Etat islamique (EI), a précisé le Vatican, qui a publié une photo d'une des familles par le biais de son quotidien officiel.
Una delle famiglie di profughi siriani che sono ora sul volo che riporta #PapaFrancesco a Roma pic.twitter.com/7ALzRYzkJw
— L'Osservatore Romano (@oss_romano) April 16, 2016
Ce «geste d'accueil», selon le Vatican, a été annoncé au terme d'une journée où, en compagnie du patriarche de Constantinople Bartholomée et de Ieronymos, l'archevêque orthodoxe d'Athènes et de toute la Grèce, le pape a fait braquer une nouvelle fois les projecteurs sur cette crise. «Vous n'êtes pas seuls (...). Ne perdez pas espoir», a-t-il lancé aux migrants.
Appel à une gestion «digne» de la crise
La visite de cinq heures a été marquée par un bain de foule dans le camp de Moria, dans lequel 3 000 personnes, dont des femmes enceintes, enfants, et autres personnes considérées comme vulnérables, sont enfermées. Il s’agit de réfugiés et migrants arrivés depuis l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie qui prévoit le renvoi de tous les arrivants irréguliers à partir du 20 mars vers la Turquie, y compris les demandeurs d’asile syriens.
A Lesbos, par où ont transité la majorité des plus d'un million de personnes arrivées en seize mois dans l'UE, le pape a critiqué implicitement les dirigeants européens et leur frilosité à accueillir les exilés, malgré leurs engagements. Il a appelé le monde à répondre à cette crise de manière «digne de notre humanité commune». «Freedom» (liberté), a scandé la foule sur leur passage. Alors que les conditions de vie dans le camp surchargé sont dénoncées comme indignes par les ONG, certains portaient une pancarte «help» (à l'aide). Un migrant a même fondu en larme en s'agenouillant devant le pape. «Bénissez-moi» a-t-il sangloté.
Les dignitaires orthodoxes ont partagé l'appel du pape. «Ceux qui ont peur de vous ne vous ont pas regardés dans les yeux (...) n'ont pas vu vos enfants», a lancé Mgr Bartholomée. «Le monde sera jugé sur la manière dont il vous aura traité», a-t-il ajouté. Les trois prélats ont signé une déclaration commune appelant à le monde à répondre avec «courage» à cette «crise humanitaire colossale», dans une rare manifestation d'unité entre catholiques et orthodoxes.
«Nous sommes tous des migrants»
L'après-midi, devant une foule nombreuse d'habitants et de touristes, les trois religieux se sont rendus sur le port de Mytilène, pour rendre hommage aux centaines de migrants noyés depuis l'an dernier en traversant le bras de mer Egée qui sépare la Turquie de Lesbos - 375 encore cette année - et à la population de l'île pour son aide aux arrivants. Il ne faut «jamais oublier que les migrants, avant d'être des numéros, sont des personnes, des visages, des noms, des histoires», a insisté le pontife, avant d'évoquer ceux, dont beaucoup d'enfants, «qui ont perdu la vie en mer, victimes de voyages inhumains et soumis aux brimades de lâches bourreaux». Après une minute de silence, les dignitaires ont chacun jeté à la mer une couronne de fleurs en mémoire des victimes.
Les réfugiés ne sont pas des nombres, ce sont des personnes : ils sont des visages, des noms, et ils doivent être traités comme tels.
— Pape François (@Pontifex_fr) April 16, 2016
Le pape argentin, lui-même petit-fils d’immigrés italiens, avait déjà, à peine élu, et à la suite de terribles naufrages, fait une visite sur l’île italienne de Lampedusa, qui accueillait alors des milliers de migrants venus des côtes africaines.
Le pontife argentin qui a rappelé lors de sa visite, dans le port de Mytilène, que «nous sommes tous des migrants», a «voulu faire un geste d'accueil» en ramenant dans le même avion que lui ces Syriens, dont «les maisons ont été bombardées», souligne le Vatican. «Les réfugiés ne sont pas des nombres, ce sont des personnes», a également rappelé le chef de l'Eglise catholique au cours de sa visite.