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Trump en pleine parano, New York à l'horizon... une semaine de primaires américaines

Vous n’avez pas tout suivi, voire rien du tout, des courses à l’investiture républicaine et démocrate ces derniers temps ? Libération fait le point sur la campagne.
Des partisans d'Hillary Clinton, à Brooklyn, où se déroule le débat organisé par CNN pendant lequel elle affronte Bernie Sanders, le 14 avril 2016. (Photo Jewel SAMAD. AFP)
publié le 16 avril 2016 à 9h29

Vous n'avez pas tout suivi, voire rien du tout, des courses à l'investiture républicaine et démocrate ces derniers temps ? Tous les vendredis, Libération fait le point sur la campagne.

La course

Victoire à retardement pour Trump et Clinton dans le Missouri

Comme dans le Wisconsin quelques jours avant, le Wyoming (côté démocrate) et le Colorado (côté républicain) ont privilégié le week-end dernier les outsiders. Samedi, Sanders l'a emporté avec une large avance (56% contre 44% pour Clinton) dans le petit Etat du Wyoming, son septième succès consécutif. Mais, pas de bol pour lui, les règles électorales lui ont permis de rallier seulement la moitié des 14 délégués en jeu, l'ancienne secrétaire d'Etat en enregistrant également sept. Le même jour s'achevait une convention républicaine dans le Colorado. En y ajoutant une série de votes par comté, Ted Cruz y a empoché 34 délégués et, ce, sans consultation des électeurs, une particularité locale (et de cinq autres Etats et territoires). Pas assez cependant pour permettre au sénateur du Texas de rattraper son retard dans la course à l'investiture.


L'autre (petit) rebondissement de la semaine, assez calme sur le front de la course à la Maison Blanche : l'annonce, mardi, des résultats officiels du Missouri, avec près d'un mois de retard. Trump et Clinton ont été déclarés officiellement vainqueurs du scrutin, organisé le 15 mars dernier, et qui s'est joué à quelques milliers de voix d'écart. Côté républicain, le milliardaire a empoché 25 délégués, contre 15 pour Cruz, tandis que dans le camp démocrate les deux candidats en ont chacun engrangé 34.

Up

Clinton sécurise les voix des électeurs afro-américains

Bernie Sanders a beau avoir milité pour les droits civiques dans sa jeunesse (ce qui lui a valu d'être arrêté pendant une manif antiraciste, rappelez-vous cette photo exhumée opportunément) et avoir le soutien du réalisateur Spike Lee, son adversaire a toujours les faveurs des électeurs afro-américains. Ce soutien massif a permis à Hillary Clinton de creuser l'écart dans la course à la primaire démocrate, notamment avec les Etats du Sud, où la candidate a raflé une large majorité du vote noir, et devrait aussi lui profiter lors du scrutin de New York, organisé le 19 avril. Selon les sondages, Hillary Clinton y remporterait entre six et sept voix sur dix au sein de l'électorat noir, qui pèse pour plus de 15% des voix démocrates à l'échelle de l'Etat. L'ex-chef de la diplomatie le sait bien et a multiplié les interventions cette semaine devant la communauté afro-américaine, en affirmant notamment mercredi, devant une association de défense des droits civiques, que le camp démocrate ne pouvait prendre ces voix «pour acquises».

Du coup, la candidate démocrate s'est retrouvée bien embarrassée après une blague raciste de Bill de Blasio, le week-end dernier. Taquinant le maire de New York sur son soutien tardif, elle s'est vu répondre : «Désolée Hillary, j'étais à l'heure CP», en référence à l'expression «CP time» (pour colored people, personnes de couleur), qui voudrait que les Noirs sont souvent en retard. L'extrait, plutôt gênant, est à revoir ici.

Down

Donald Trump dans une mauvaise passe

Sale semaine pour Donald Trump. En plus de la fausse une pas vraiment flatteuse du Boston Globe, le milliardaire, certes numéro un de la course à l'investiture républicaine et en tête des sondages pour la primaire de New York, s'est fait piquer l'intégralité des délégués lors de la convention républicaine du Colorado, et a réussi a n'en sauver qu'un seul en Caroline du Sud (lors d'une réunion de circonscription), rapporte Politico. Ce n'est pas non plus gagné dans l'Indiana, qui ne vote que le 3 mai, mais où les délégués républicains se sont déjà déclarés contre lui. Pour faire diversion, Trump et ses alliés ont passé les derniers jours à crier au complot et à taper sur le processus de désignation du candidat républicain... pourtant connu depuis longtemps.

«C'est un système malhonnête», a dénoncé Trump dimanche lors d'un meeting, avant d'enfoncer le clou le lendemain sur Fox News : «Je suis un nouveau venu dans le système et j'ai remporté les voix de millions d'électeurs, mais le système est truqué. C'est de l'escroquerie», a-t-il argué, alimentant au passage la défiance de ses partisans vis-à-vis du système politique. Une nouvelle recrue de son équipe a même atteint le point Godwin en accusant les soutiens de Ted Cruz d'intimider par des «méthodes de la Gestapo» les délégués républicains pour qu'ils se rallient au sénateur du Texas. Sa progéniture ne semble pas être beaucoup plus au courant des règles électorales : Ivanka et Eric Trump, pourtant aux premiers rangs des meetings électoraux de leur papa, ont oublié de s'inscrire sur les listes électorales du Parti républicain et ne pourront donc pas voter pour lui à la primaire new-yorkaise. Un acte manqué ?

La phrase

Il ne veut pas y aller. Du moins officiellement. Le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan, colistier malheureux de Mitt Romney lors de la campagne de 2012, a exclu mardi 12 avril la perspective de devenir candidat à l'investiture présidentielle lors de la convention de Cleveland en juillet prochain. «Soyons clairs : je ne veux pas et n'accepterai pas la nomination de notre parti», a-t-il déclaré à Washington. Ryan n'est pas candidat à la primaire, mais son nom avait été évoqué en cas de convention «contestée», une hypothèse dont on vous parlait la semaine dernière et qui pourrait devenir réalité si Donald Trump ne parvient pas à rassembler les 1 237 voix requises pour être automatiquement désigné candidat. Ryan avait déjà nié début avril être «le nouveau visage» que le Parti républicain, rappelle Slate, et avait même menacé de lancer des actions en justice contre ceux qui pousserait sa nomination lors de la convention, qu'il va présider. Une posture à laquelle beaucoup d'observateurs ne croient pas une seconde, Paul Ryan étant plutôt réputé pour ses retournements de veste. L'année dernière, quand le speaker de la Chambre avait annoncé sa démission, l'ancien colistier de Mitt Romney avait juré qu'il ne serait pas candidat à ce poste... Avant de prêter serment un mois plus tard.

Le chiffre

44

Si le candidat Bernie Sanders n'est pas élu candidat des démocrates à l'issue des primaires, il pourra au moins s'enorgueillir d'avoir battu Hillary Clinton dans un domaine : les levées de fonds. L'ancien maire de Burlington (Vermont) a levé 44 millions de dollars pour le seul moins de mars, contre 29,5 pour Hillary Clinton. Il bat ainsi son précédent record du mois de février : 42 millions. Après ses victoires dans les Etats de l'Idaho, Washington, l'Alaska et Hawaii, Bernie Sanders s'appuie sur la générosité de ses partisans. Selon son équipe de campagne, plus de deux millions d'entre eux ont réalisé près de six millions de contributions. Au total, sa concurrente démocrate reste tout de même devant avec 222,4 millions de dollars récoltés contre 139,8 millions pour le sénateur du Vermont.

L’Etat

New York, New York

L'échéance de la semaine prochaine, c'est le très attendu scrutin du 19 avril dans l'Etat de New York, où 291 délégués démocrates (dont 44 super-délégués) sont en jeu, le plus gros butin derrière la Californie. Côté républicain, où 95 délégués sont attribués, il n'y a pas vraiment de suspense : Donald Trump part très largement favori, avec plus de 30 points d'avance dans les sondages sur John Kasich, Ted Cruz arrivant sur la troisième marche du podium. Dans le camp démocrate, les sondages donnent Hillary Clinton largement vainqueur, avec 53 % des intentions de vote contre 40 % pour Bernie Sanders. Mais l'ancienne secrétaire d'Etat a beau avoir été sénatrice de cet Etat de 2001 à 2009, elle a vu son avance rétrécir, le sénateur du Vermont ayant tout donné pendant la campagne, avec notamment un meeting remarqué mercredi soir au Washington Square Park, QG de la bohème new-yorkaise, en présence, selon son équipe, de 27 000 personnes.

Les candidats démocrates à la Maison Blanche,

live on CNN.

Sanders s'est aussi montré très pugnace jeudi soir lors du dernier débat télévisé avant le scrutin, particulièrement houleux. Sanders a attaqué son adversaire sur ses positions en faveur des traités de libre-échange, son vote pour la guerre en Irak, et évidemment, ses liens avec Wall Street. En glissant au passage quelques petites piques bien senties, notamment sur le fait que Clinton prétend avoir combattu les grosses banques quand elle était sénatrice : «Etait-ce avant ou après que vous avez reçu de grosses sommes d'argent pour faire des discours ? Grand dieu, elles ont du être très très contrariées par ce que vous leur avez dit». Pan.

Et pendant ce temps-là, Obama…

Egalité hommes-femmes, NBA, politique étrangère : Barack Obama était sur tous les fronts cette semaine. Mardi, le président a plaidé pour l'égalité salariale entre hommes et femmes, en déclarant que la maxime «"A travail égal, salaire égal" devrait être un principe fondamental de [l']économie [américaine]». Aux Etats-Unis, une femme qui travaille à plein temps gagne 79 cents, contre un dollar pour un homme, a-t-il rappelé.

Le président américain a aussi commencé à faire le bilan de ses deux mandats. Interrogé sur Fox News sur sa pire erreur en matière de politique étrangère, Barack Obama a reconnu l'échec de sa gestion de l'après-Kadhafi en Libye, cinq ans après l'intervention internationale et la chute du dictateur. Sur la Syrie et l'Irak en revanche, il s'est félicité du succès des troupes américaines, affirmant mercredi que le groupe Etat islamique, aux rangs de plus en plus clairsemés, était «sur la défensive» et l'armée US, «à l'offensive».

Adepte de basket, Barack Obama s'est montré aussi bon joueur jeudi, en se fendant d'un tweet pour féliciter les Golden State Warriors qui ont battu le record du plus grand nombre de victoires en NBA (73), détenu jusqu'alors par les Chicago Bulls... dont il est un grand fan.

Quant à la semaine prochaine, elle s'annonce sous les meilleurs auspices pour le bientôt ex-président : il déjeunera vendredi en compagnie de la reine Elisabeth II, qui fête ses 90 printemps, et pourra binge-watcher en avant-première la nouvelle saison de Game of Thrones, alors que le commun des mortels devra attendre le 24 avril pour le premier épisode.

(To be continued…)