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Libération
Vu de New York

Etats-Unis : pas d’indulgence pour Clinton en campagne

Séparation stricte des pouvoirs oblige, les primaires pour la présidentielle américaine n’ont pas mis en suspens l’enquête sur la candidate.
Hillary Clinton, à Staten Island (New York), dimanche. (Photo Kena Betancur. AFP)
publié le 18 avril 2016 à 20h31

C'est un rare point commun entre électeurs républicains et partisans de Bernie Sanders : tous espèrent que l'affaire des mails de Hillary Clinton finira par faire exploser en vol sa candidature avant la présidentielle de novembre. Début février, un haut responsable du FBI a confirmé que l'agence fédérale américaine enquêtait sur l'utilisation par Hillary Clinton, lorsqu'elle dirigeait le département d'Etat, d'une messagerie et d'un serveur privé situé à son domicile, une pratique proscrite par la loi. D'après le magazine Time, entre 20 et 30 agents fédéraux, spécialistes techniques et analystes sont assignés à cette enquête, dont la première phase toucherait à sa fin.

Toujours selon Time, le FBI, qui travaille sur ce dossier sensible avec des procureurs du département de la Justice, devrait interroger prochainement plusieurs proches de Clinton, dont son ancienne cheffe de cabinet, voire la candidate elle-même. Une fois l'enquête bouclée, le directeur du FBI, James Comey, devra soumettre à la ministre de la Justice, Loretta Lynch, ses recommandations sur l'éventuelle mise en examen d'Hillary Clinton ou de membres de son équipe.

Dans le camp républicain, certains parlent déjà de la «primaire FBI» ou la «primaire Comey», potentiellement plus décisive que l'Iowa, la Floride ou la Californie pour l'avenir politique de l'ancienne First Lady. Le mois dernier, Hillary Clinton a été interrogée sur le sujet lors d'un débat à Miami. «Si vous êtes mise en examen, abandonnerez-vous votre campagne ?» lui a demandé un modérateur. «Cela n'arrivera pas. Je ne vais même pas répondre à cette question», a-t-elle répliqué, visiblement irritée. Elle ferait pourtant bien de préparer une réponse, car si elle remporte l'investiture démocrate, son rival républicain ne se privera pas de l'attaquer sur cet encombrant dossier. Dans un récent communiqué, le Parti républicain estimait que l'enquête du FBI «rappelait qu'on ne peut pas faire confiance à Hillary Clinton pour assumer la présidence». Le texte accusait l'ancienne secrétaire d'Etat «d'avoir gravement mis en péril la sécurité nationale».

D'après le gouvernement, plus de 2 000 messages passés par le serveur privé d'Hillary Clinton contenaient des informations classifiées, dont 22 au niveau «top secret». A l'époque où ils ont été échangés, ces messages n'étaient toutefois pas secrets. La classification a été décidée rétroactivement. Dans une interview à Fox News, Barack Obama a reconnu la «négligence» d'Hillary Clinton, mais estimé qu'elle n'avait pas compromis la sécurité nationale. «Le Président ne devrait pas s'exprimer sur une enquête criminelle en cours dont il est censé ignorer le contenu», s'est emporté John Cornyn, l'un des leaders républicains au Sénat. Il réclame la nomination d'un conseiller spécial pour superviser l'enquête.