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Libération
Moyen-Orient

Jordanie, championne autoproclamée de la lutte antiterroriste

Le royaume, dans lequel arrive François Hollande mardi, s'est ouvertement engagé dans ce que son monarque, Abdallah II, qualifie de «troisième guerre mondiale».
Le roi Abdallah II, à New York, en septembre. (Photo Jewel Samad. AFP)
publié le 18 avril 2016 à 17h35

Troisième et dernière étape de la tournée de François Hollande au Moyen-Orient, après le Liban et l’Egypte, la Jordanie apparaît comme un havre de stabilité au milieu de la zone de tous les dangers. Le petit royaume arabe est soudé autour de son souverain de langue maternelle anglaise, de la reine Rania et dont la cité Nabatéenne de Petra est le dernier site accessible aux touristes dans la région. Mais il ne peut ni ne veut pourtant être la Suisse de la région. Frontalier de la Syrie et de l’Irak au nord, d’Israël et de la Cisjordanie palestinienne à l’ouest et de l’Arabie Saoudite au Sud, sa position comme ses ambitions l’appellent à un rôle pivot dans la guerre contre le terrorisme.

C’est depuis la base du Prince Hassan, à une centaine de kilomètres d’Amman, que partent la plupart des Mirage 2000 français de l’opération Chammal pour attaquer les positions de l’Etat islamique en Irak et en Syrie. Cette base aérienne projetée, mise en place depuis novembre 2014 par la France après la constitution de la coalition internationale contre Daech, mobilise près de 300 militaires français. La Jordanie accueille par ailleurs depuis 2013 des centaines d’instructeurs américains faisant partie d’un programme militaire visant à développer les défenses du pays, mais aussi pour servir de base pour les chasseurs F16 utilisés dans les frappes sur Daech en Syrie.

Face au terrorisme qualifié de «plus grand ennemi que l'humanité doit affronter» par le roi Abdallah II qui s'exprimait en février à la Conférence de la sécurité à Munich, le royaume s'est trouvé une vocation. La Jordanie, 8 millions d'habitants, se voit en mastodonte de la guerre contre le terrorisme et veut participer sur tous les fronts à cette «troisième guerre mondiale», expression reprise plus d'une fois par son monarque. La Jordanie a été en outre traumatisée par l'exécution de l'un de ses pilotes, tombé aux mains des jihadistes en Syrie et brûlé vif dans une cage.

Langage que les pays occidentaux veulent entendre

Le pays s’est engagé dans la guerre antiterroriste au-delà des pays voisins et le proclame ouvertement. En révélant fin janvier devant des membres du Congrès américain que son armée opérait aux côtés des forces spéciales britanniques en Libye et même en Somalie, le roi Abdallah II avait causé l’embarras du Royaume-Uni, son allié historique.

Affirmant une volonté et, surtout, une responsabilité en tant que pays arabe et musulman de vaincre le terrorisme, les responsables jordaniens tiennent le langage que les pays occidentaux veulent entendre. «Nous devons vaincre Daech sur le plan militaire, sur le plan sécuritaire mais aussi sur le plan idéologique, ce qui prendra du temps si l'on veut solliciter tous les secteurs de la société, à commencer par les imams, les intellectuels et les enseignants. Cette guerre est d'abord une guerre dans l'islam. Il faut nous débarrasser des hors-la-loi pour protéger ceux qui croient en un islam pacifique et miséricordieux», a déclaré le Premier ministre jordanien, Abdlulla Nsour, le 17 avril au Journal du dimanche, deux jours avant de la visite de François Hollande dans le pays.