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Libération
Récit

Sommet de l'OPEP à Doha : échec des négociations sur fond de rivalités politiques

Les divergences entre l’Iran et l’Arabie Saoudite ont donc directement court-circuité les négociations entre les différents pays membres. Après l’annonce de l’échec des négociations, les cours du pétrole se sont effondrés lundi matin, et ont entraîné une chute des bourses internationales.
Le ministre saoudien du Pétrole et des Ressources minérales Ali Al-Naimi (au centre) arrive au sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à Doha, Qatar, le 17 avril. (AFP)
publié le 18 avril 2016 à 19h17

Réunis en sommet extraordinaire à Doha au Qatar pour contrer la vertigineuse chute des prix du brut, les pays membres de l’OPEP avaient convié quatre pays non-membres à rejoindre la table des négociations : Oman, la Colombie, l’Azerbaïdjan et la Russie. Le but de la réunion était de trouver un accord pour geler la production de brut jusqu’en octobre et ainsi prolonger la lente remontée des prix du baril. Le boycott de l’Iran a précipité l’échec des négociations et la chute des prix du pétrole.

Après six heures de tractations, le ministre qatari de l’Energie, Mohammed ben Saleh al-Sada, a annoncé l’échec des négociations et a déclaré avoir besoin de «plus de temps», sans pour autant préciser la date d’une prochaine réunion. Les divergences entre l’Iran et l’Arabie Saoudite ont donc directement court-circuité les négociations entre les différents pays membres. Selon une source citée par l’agence de presse russe Ria-Novosti, l’Arabie Saoudite «a posé comme condition la participation de tous les pays de l’OPEP, dont l’Iran».

Or l'Iran, qui bénéficie de la levée partielle des sanctions internationales après l'entrée en vigueur de l'accord sur le nucléaire, refuse de geler sa production avant d'avoir retrouvé la place qu'il occupait sur le marché du brut. «L'Iran ne renoncera en aucune manière à son quota de production historique», a annoncé Bijan Namdar Zanganeh, le ministre iranien du pétrole. Mais, samedi, dans une interview publiée par l'agence de presse Bloomberg, le vice-prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, a réaffirmé la position du royaume : l'Arabie Saoudite ne gèlera pas sa production de brut à moins que l'Iran n'en fasse autant.

En deux ans, le baril de Brent est passé de 110 dollars à moins de 30 dollars en janvier dernier, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis 13 ans. Cette chute d’environ 60 % du prix du brut est principalement causée par la surabondance de l’offre et l’augmentation de la production d’hydrocarbure dite «non conventionnelle» à l’image de l’explosion du pétrole de schiste américain.

Chute des bourses internationales

L’activité pétrolière est devenue un gouffre financier pour certains pays exportateurs qui subissent la chute des prix de plein fouet. A l’image du Venezuela, dont l’économie dépend considérablement de l’or noir qui représente 95% des exportations du pays. La Russie souffre également de la baisse des cours puisque la moitié de ses recettes budgétaires sont retirées de l’exploitation pétrolière. La chute du rouble et les sanctions occidentales paralysent le pays qui est loin d’être autosuffisant en biens de première nécessité. D’où son espoir d’aboutir à un accord à Doha.

De leur côté, les pétromonarchies du Golfe et l’Arabie Saoudite résistent à cette crise mais elles devraient toutefois accuser un déficit budgétaire. Le Royaume saoudien n’est cependant pas dans une situation d’urgence extrême puisqu’il dispose d’un fond souverain avoisinant les 700 milliards de dollars.

Après l’annonce de l’échec des négociations, les cours du pétrole se sont effondrés ce lundi matin à l’ouverture des marchés et ont entraîné une chute des bourses internationales. Le Brent de la mer du Nord perd près de 7% de sa valeur par rapport à la clôture de vendredi et stagne tout juste au-dessus de 40 dollars le baril. Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) a quant à lui chuté de 6.8% pour atteindre les 37 dollars.