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Mon précieux

Le légendaire diamant du Koh-i Nor pourrait bien ne jamais retourner en Inde

Cette pierre précieuse fait l'objet d'une bataille diplomatique entre le Royaume-Uni et New Delhi depuis soixante-dix ans, ce dernier exigeant sa restitution.
Le diamant Koh-i Nor exposé lors d'une exhibition à Bangalore, le 19 mai 2002. (Photo STR. AFP)
publié le 19 avril 2016 à 13h23

C’est une pierre aux origines légendaires, trouvée il y a plus de 5 000 ans dans le lit du fleuve Godavari, dans le sud-est de l’Inde, soufflent certains. D’autres racontent qu’elle proviendrait de la fameuse mine de Kollur, où l’on aurait notamment déterré le Diamant bleu de la Couronne, le Grand Mogol ou encore le Régent. Une chose est sûre, d’objet de fantasmes, le statut du Koh-i Nor est aujourd’hui passé à celui d’objet de conflit diplomatique.

Les 105 carats de ce diamant sont passés entre les mains de rajahs, d'empereurs mongols et de rois afghans. Au XIXsiècle, ils changent de continent. Le diamant est présenté à la reine Victoria en 1850 par des Britanniques victorieux avant d'orner la couronne de la reine Elizabeth, l'épouse de George VI. Depuis 1947, les demandes des gouvernements indiens successifs de restituer ce qu'ils considèrent comme une spoliation de guerre restent inaudibles.

Au Royaume-Uni, on considère, comme David Cameron, qu'il s'agirait là d'un «précédent impossible à tenir». A en croire le Premier ministre, le cas serait même susceptible de «vider le British Museum», dont les collections sont constituées de sept millions d'objets issus de tous les continents.

Approximation

En Inde, le Solliciteur général, qui représente juridiquement le gouvernement, vient d’apporter un argument en faveur de la conservation du «précieux» en terres britanniques. Ranjit Kumar estime que le pays ne peut pas, légalement, forcer le Royaume-Uni à restituer le bien. Il affirme que le diamant a été donné par le maharajah Ranjît Singh à la Compagnie britannique des Indes orientales.

La démonstration tient en deux points. D'une part, une loi vieille de quarante-trois ans interdit au gouvernement de réclamer le retour d'antiquités exportées avant l'indépendance. D'autre part, le diamant ne peut pas faire l'objet d'une dérogation, puisqu'il n'aurait pas été volé ni pris de force, mais aurait simplement fait l'objet d'un don aux Anglais.

C'est sur ce dernier point que beaucoup d'Indiens ont du mal à comprendre cette décision. Dans les deux pays, la communauté sikh dénonce une tentative de réécrire l'histoire. Elle s'appuie sur une approximation. Contrairement à ce qu'affirme le Solliciteur général, ce ne serait pas Ranjît Singh mais son fils Dhulîp Singh, alors âgé de 11 ans et déjà maharajah, qui serait à l'origine de la passation du Koh-i Nor en Angleterre. D'où ces interrogations autour d'une éventuelle spoliation.

En attendant de nouveaux débats, les tabloïds britanniques, eux, jubilent.