A 30 ans, il se présente comme un visionnaire. Vice-prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, «MBS» pour les intimes du royaume, est l’initiateur du gigantesque plan de réformes appelé «Vision saoudienne à l’horizon 2030».
Il ne s'agit pas de réformes politiques ou sociales, mais d'un projet qui va multiplier la force de frappe financière du royaume en le dotant d'un fonds souverain de plus de 2 000 milliards de dollars (1 700 milliards d'euros). Ce sera «le plus grand fonds d'investissement au monde, et de loin», a affirmé le rondouillard MBS, dans sa première interview télévisée, accordée pour l'occasion à la chaîne Al-Arabiya. Un rien mégalomane ? Le jeune prince a les moyens de voir grand. Parmi les responsabilités que lui a confiées son père, le roi Salmane, il préside le Conseil des affaires économiques et de développement, qui supervise Saudi Aramco, pilier économique du royaume. La vente de 5 % du capital de la première compagnie pétrolière au monde alimenterait le futur fonds géant. Celui-ci servira à diversifier les ressources du pays. Premier exportateur de brut, et détenteur des plus grandes réserves connues, le royaume veut réduire sa dépendance au pétrole qui compte aujourd'hui pour 80 % de ses revenus.
Trop absorbé par la préparation et l’annonce de son plan, MBS a reporté, pour la deuxième fois, une visite prévue en France cette semaine. Très attendu sous sa deuxième casquette de ministre de la Défense, il venait discuter de contrats d’armement de près de 10 milliards de dollars (8,8 milliards d’euros). Bien disposé à l’égard de la France, y compris par dépit envers l’Amérique d’Obama, le prince veut faire ici une entrée remarquée et pas seulement pour les seuls intérêts économiques. Une société française de relations publiques s’occupe déjà d’améliorer son image et celle du royaume. Sa tâche est dure : faire oublier le soutien de l’Arabie Saoudite depuis des décennies à l’islam intégriste, autant que les liens anciens du pays qui a vu naître Oussama ben Laden avec les réseaux terroristes.