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Libération

Qui est Abu Sayyaf, le groupe terroriste philippin qui a décapité un Canadien ?

publié le 26 avril 2016 à 20h41

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé lundi soir la mort de l’un de ses concitoyens, John Ridsdel, retenu en otage depuis le 21 septembre dernier aux Philippines. Quelques heures plus tôt, la police philippine avait trouvé la tête d’un homme blanc près d’une mairie de Jolo, bastion d’Abu Sayyaf, l’un des groupes islamistes les plus actifs en Asie du Sud-Est, qui a fait allégeance à l’Etat islamique en 2014. Ancien journaliste et consultant minier, Ridsdel était âgé de 68 ans.

En septembre 2015, il avait été kidnappé avec trois autres personnes dans l'île de Samal, à plus de 1 000 km de Manille. Dans une vidéo mise en ligne le 15 avril, Ridsdel et un autre Canadien, Robert Hall, étaient menacés par des couteaux. Les geôliers parlaient d'un «dernier avertissement» avant de «décapiter l'un des quatre». Et réclamaient une rançon de 300 millions de pesos philippins (5,67 millions d'euros) par otage. Mais il semble que les terroristes n'aient pas attendu pour procéder à l'exécution de John Ridsdel.

Créé en 1991, le groupe Abu Sayyaf a été fondé avec des soutiens financiers d’Al-Qaeda. Son fondateur, Abdurajak Abubakar Janjalani, était issu d’une famille chrétienne et musulmane du sud des Philippines. Tué en 1998, il s’était radicalisé au cours des années 80 dans l’organisation fondamentaliste islamique Tabligh et aurait combattu aux côtés des islamistes afghans contre l’armée soviétique. Il voulait faire du sud des Philippines un Etat indépendant et islamique. Son frère Khadaffy a pris le relais avant d’être exécuté en 2006 et remplacé par Yasser Igasan.

Dans son effort diplomatique et militaire, Manille a reçu le soutien des Etats-Unis qui, de 2002 à 2014, ont dépêché des troupes pour tenter de venir à bout des fondamentalistes. Abu Sayyaf a essuyé des pertes. Mais depuis le départ des Américains, l’organisation fondamentaliste pourrait avoir repris du poil de la bête. En juillet 2014, le numéro 2 du groupe avait prêté allégeance à l’Etat islamique. Dans une Asie du Sud-Est perméable au jihadisme, le groupe philippin pourrait bien être devenu une pièce maîtresse de l’EI.