En matière de réduction du temps de travail, la République bolivarienne du Venezuela a fait très fort : le vice-président a annoncé mardi l’instauration de la semaine de deux jours travaillés, le lundi et mardi. La mesure, à effet immédiat, est prise pour deux semaines prolongeables et ne concerne que le service public. Quant aux établissements scolaires, publics comme privés, ils fermeront le vendredi. Ces décisions radicales visent à économiser l’électricité dans un contexte de grave crise énergétique.
Comment un pays producteur de pétrole, assis sur les réserves de brut les plus importantes de la planète, peut-il manquer d’énergie ? C’est un paradoxe comme le Venezuela les collectionne. La centrale hydroélectrique d’El Guri (sud), satisfait à elle seule 70 % de la consommation nationale. Mais en raison d’une sécheresse catastrophique, son barrage atteint un niveau d’eau historiquement bas et risque d’être totalement à sec dans moins de deux semaines, paralysant la centrale. A moins que la pluie ne se décide à tomber.
Les coupures de courant de plusieurs heures par jour ne suffisant pas, le gouvernement révolutionnaire a donc décidé de réduire l’activité du pays. Les dirigeants, dont le président Nicolás Maduro, incriminent El Niño, phénomène qui dérègle le climat en Amérique du Sud. Pour l’opposition, qui contrôle le Parlement, El Niño a bon dos : les autorités n’ont pas investi dans le réseau électrique et le plan lancé en 2010 par le précédent président, Hugo Chávez, afin de diversifier les ressources énergétiques, a tourné au fiasco, en raison des détournements et des lourdeurs bureaucratiques.
Ce quasi-état d’urgence intervient à un moment de grave tension politique. Après la victoire écrasante de l’opposition, réunie dans la coalition MUD, aux législatives de décembre, le gouvernement n’a cessé de rogner les pouvoirs du Parlement à coups de décisions du Tribunal supérieur de justice. Le seul levier envisageable pour la MUD est un référendum pour révoquer le président Maduro. Mais il n’est pas sûr qu’elle réussisse à réunir les 4 millions de signatures nécessaires pour le convoquer.