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Libération

Détention en Algérie : «Une nuit, ils m’ont pissé dessus»

Publié le 01/05/2016 à 20h21

L'Algérie vient d'être pointée du doigt par le Comité des droits de l'homme de l'ONU pour détention arbitraire et torture, dans des «constatations» publiées la semaine dernière. En cause, le traitement d'un homme d'affaires ayant la double nationalité luxembourgeoise et algérienne, Medjoub Chani.

Condamné à dix ans de prison pour corruption et blanchiment en mai 2015, dans l'affaire de l'autoroute est-ouest présentée comme le «chantier et corruption du siècle», il s'était plaint d'une détention arbitraire et de divers sévices (lire Libération du 20 avril 2015). «Le plus dur n'est pas le classique passage à tabac qui accompagne presque chaque interrogatoire, tels les gifles, les coups de pied et de poing», mais les humiliations : «Une nuit, ils m'ont pissé dessus parce que j'avais osé demander un peu d'eau pour me laver.»

Faute de pouvoir compter sur la justice algérienne, il avait saisi l'ONU pour violation du «pacte international relatif aux droits civils et politiques», signé en 1968 et ratifié par l'Algérie en 1989. Pas de preuve et «aucun signe de violence, comme mentionné dans un examen médical», a rétorqué l'Etat algérien. L'argument fait bondir William Bourdon, l'un des avocats deMedjoub Chani : «Pour se dédouaner des actes de torture, on s'appuie sur une fiche médicale anonyme qui semble avoir été rédigée par la police elle-même.» En l'espèce, le département du renseignement et de la sécurité. Pour l'ONU, il y a «violation» du pacte, qui proscrit la torture et tout autre traitement cruel ou dégradant et la détention arbitraire. Un camouflet médiatique sans conséquence directe pour le pouvoir algérien.