Voilà qui devrait bigrement déconsidérer la parole des apôtres du projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, le Tafta. Lundi 2 mai, l’antenne néerlandaise de Greenpeace a mis en ligne 248 pages des négociations, jusqu’ici opaques, obtenues lors de la treizième session de discussions la semaine dernière à New York.
Un document inabouti, communiqué par Greenpeace à une poignée de quotidiens, dont le Monde, et parsemé de passages entre crochets, signe des divergences entre les deux parties qui négocient depuis mai 2013. Ce traité vise à abolir le peu de barrières douanières, uniformiser une foultitude de normes en tout genre et créer ainsi la première zone d'échanges commerciaux au monde. Ses détracteurs estiment que ces 248 pages illustrent la menace d'un abaissement des standards européens. Selon l'Agence France-Presse, une source diplomatique européenne a confirmé la véracité des documents publiés par Greenpeace. Mais précisé qu'ils étaient «vieux» et ne prenaient pas en compte certaines «évolutions importantes» des négociations.
Certes ardu, le document publié par Greenpeace lève cependant une partie du voile sur le mystère d'un tel traité. Tout se joue notamment sur le terrain des normes industrielles, sanitaires, phytosanitaires ou environnementales. Car il s'agit, plus que tout, d'imposer des normes au reste du monde. Mais lesquelles ? Pour Frédéric Farah, professeur d'économie internationale à l'université de Paris-III, «comment être certain qu'on ne retient pas le pire des normes, qui feront qu'au bout du compte ce sera le lobby des grandes entreprises qui aura gagné ? Faut-il rappeler qu'il y a eu 547 réunions préalables au premier round de négociation du Tafta, en 2013 ? Et que 48 % de ces 547 réunions était sous dominante des entreprises transnationales…»
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