La province chinoise du Hainan, ses plages, ses forêts tropicales… et un drame de l’urbanisation qui s’est déroulé cette semaine en quatre jours et quatre actes.
Vendredi 1 200 hommes (agents des services de l'urbanisation, de la sécurité publique, pompiers…), dont au moins 30 armés, fondent avec des bulldozers sur le village de Qionghua, dans le district de Xiujing, qui fait partie de l'agglomération de la capitale régionale, Haikou. Objectif : détruire 104 constructions déclarées illégales.
Samedi les villageois, qui avaient cédé leurs terres agricoles à des promoteurs, s'opposent à la destruction de l'ensemble résidentiel à peine terminé. Certains lancent des pierres, des pétards, des barils d'essence contre les démolisseurs. La police arrête onze villageois. Les hommes de main s'acharnent. Quelqu'un filme en cachette une longue scène où l'on voit des hommes casqués et armés de bâtons frapper des femmes et des enfants.
La vidéo est postée sur les réseaux sociaux. En réaction au scandale, sept membres de l’équipe de démolition sont arrêtés, et un chef d’équipe est licencié. Depuis des années, des dizaines de milliers de petits propriétaires sont dépossédés à vil prix de leurs terres ou de leur propriété par des officiels qui les revendent à des promoteurs, souvent en échange de pots-de-vin.
Dimanche L'ONU appelle à cesser les démolitions forcées. Le maire de Haikou et des responsables du Parti présentent leurs excuses et annoncent que le chef de district de Xiujing est démis de ses fonctions.
Lundi Les organes officiels de presse mettent eux-mêmes en ligne la «vidéo terrifiante» sur YouTube. La version anglaise du Global Times,proche du gouvernement, titre sur le licenciement du responsable de district. Rideau.