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Libération
Grande-Bretagne

Le Labour prend une claque écossaise

Le parti travailliste a été écrasé au parlement semi-autonome d’Ecosse par le parti indépendantiste SNP. Il obtient néanmoins des scores honorables aux élections locales de 124 conseils municipaux qui se sont tenues jeudi dans le Royaume-Uni.

Nicola Sturgeon, chef du Scottish National Party (SNP), le 5 mai. (PHOTO Andy Buchanan. AFP)
Publié le 06/05/2016 à 16h47

«Un désastre», «une humiliation», «des résultats honorables», «un triomphe» : on s’y perdrait tant les qualificatifs contradictoires pleuvaient vendredi pour qualifier la performance du Labour aux diverses élections qui se sont déroulées jeudi au Royaume-Uni. Et pour cause, tant les résultats offrent un tableau varié et paradoxal.

Si le parti travailliste s’est honorablement maintenu aux élections locales de 124 conseils municipaux, il a été balayé au parlement semi-autonome d’Ecosse, écrasé par le parti indépendantiste du SNP (Scottish National Party), qui remporte pour la troisième fois consécutive le maximum de voix, même si, avec 61 sièges, il rate de deux sièges la majorité absolue. Le SNP pourrait gouverner avec les Verts qui emportent six sièges.

Dirigé par la très populaire Nicola Sturgeon, qui a parlé d'un scrutin « historique », le SNP a sans doute souffert des pronostics qui le plaçaient tellement favori que certains électeurs ne se seront pas donné la peine de voter.

Campagne dynamique

En Ecosse, son ancien bastion historique, le Labour passe, avec 24 sièges seulement, en troisième position derrière les conservateurs (31 sièges) qui avaient pratiquement disparu du paysage politique écossais. Ces derniers ont bénéficié d’une campagne très dynamique, menée par une autre femme très populaire, Ruth Davidson, qui a pris soin d’éviter au maximum d’utiliser le terme « conservateur » dans sa campagne qu’elle a axée sur sa personnalité. Pour le Labour, la claque est sévère.

Pourtant, le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn, aux manettes depuis huit mois et dont c’était le premier test électoral national, peut pousser un soupir de soulagement : en dépit d’une contestation grandissante de son autorité au sein des députés travaillistes, il devrait pouvoir demeurer encore en poste quelque temps. Notamment parce qu’il n’y a pas eu de désastre absolu aux élections locales. Le Labour a perdu une vingtaine de sièges, mais reste tout de même le premier parti dans les conseils municipaux. Il n’a pas subi les pertes catastrophiques que certains lui prédisaient. Il a aussi remporté deux élections législatives partielles, dans des circonscriptions certes normalement acquises aux travaillistes. Le parti anti-européen du Ukip est arrivé en deuxième position à ces élections. A l’assemblée du Pays-de-Galles, le Labour reste le premier parti et le Ukip obtient six sièges. C'est la première fois que le parti en faveur du Brexit siégera au parlement gallois.

Jeremy Corbyn s'est félicité des résultats « excellents » du Pays-de-Galles, tout en reconnaissant qu'il restait encore « beaucoup de travail » pour surmonter le recul du parti en Ecosse. « A travers toute l'Angleterre, on nous prédisait de multiples pertes de conseils municipaux. Ça n'a pas été le cas. On s'est accroché et nous avons gagné des soutiens », a-t-il déclaré.

Sadiq Khan donné vainqueur

Et puis, alors que les résultats ne seront proclamés que vendredi en début de soirée, les premiers dépouillements du scrutin pour la mairie de Londres donnaient vainqueur le candidat travailliste, Sadiq Khan, fils d’un immigré pakistanais chauffeur de bus et musulman modéré. Il pourrait l’emporter avec une marge d’au moins dix points d’avance.

Il devrait remplacer le bouillant conservateur Boris Johnson et battre le candidat conservateur, le millionnaire Zac Goldsmith. La campagne de ce dernier, axée sur les origines de Sadiq Khan et semée de multiples allusions plus ou moins subtiles à une proximité supposée avec l’islamisme radical, n’aura donc pas payé. Et, pour David Cameron, qui a soutenu avec vigueur Zac Goldsmith, c’est aussi un désaveu. En même temps, traditionnellement, les premières élections locales suivant une élection générale (la dernière s’est déroulée il y a un an exactement) sont souvent un mauvais moment à passer pour le parti au gouvernement. Cela n’a pas été le cas pour les conservateurs.

« Le jour des élections locales pour le Premier ministre en place est supposé être une journée redoutée, où l'on attend comme un condamné que l'on frappe à la porte », a dit David Cameron. « Cela n'a pas été le cas la nuit dernière ». Ces élections, auxquelles 43 millions d'électeurs étaient appelés à participer, étaient les plus importantes avant les prochaines élections générales en 2020.