Il y a une semaine, l'armée russe emmenait une centaine de journalistes assister à un concert dans l'amphithéâtre de Palmyre. Jeudi, la cité antique était à nouveau isolée, presque encerclée par l'Etat islamique (EI). Chassés de Palmyre le 27 mars, les jihadistes viennent de couper la principale route qui mène à Homs, contrôlée par le régime de Bachar al-Assad, au niveau de l'aéroport militaire de Tiyas. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), l'EI «encercle Palmyre de tous les côtés sauf au sud-ouest». Ses positions les plus proches ne sont qu'à 10 kilomètres de la ville.
Le revers est sévère pour l’armée syrienne et son allié russe. Palmyre n’est pas qu’une ville symbole. Au milieu du désert, elle est essentielle pour la reconquête de Deir El-Zor, plus à l’est, largement contrôlée par l’EI. Les jihadistes assiègent l’est de la ville où vivent environ 200 000 civils. L’armée syrienne contrôle toujours l’aéroport militaire, mais ses avions et hélicoptères sont régulièrement visés par les jihadistes.
Affaibli en Syrie et en Irak, l’EI reste capable de lancer des contre-offensives. Il suit en réalité la même stratégie depuis plusieurs mois. Il se retire lorsque le régime et l’aviation russe attaquent, ce qui lui permet de limiter les pertes en hommes et matériels, avant de se redéployer pour repasser à l’offensive. Il s’est emparé la semaine dernière du champ gazier de Chaer, au nord-ouest de Palmyre. Les positions jihadistes ont été bombardées depuis par l’aviation syrienne.
L’EI profite aussi de la multiplication des fronts et du manque d’effectifs de l’armée syrienne, que ne comble pas totalement ses alliés du Hezbollah libanais, des milices chiites irakiennes et des gardiens de la révolution iranienne. Sa contre-attaque à Palmyre a été rendue possible par le basculement de troupes envoyées dans les régions de Lattaquié et d’Alep, où les combats ont repris. Huit civils ont été tués jeudi à Alep, selon le centre de coordination du ministère russe de la Défense. L’OSDH a indiqué de son côté que deux autres civils avaient péri après qu’une frappe aérienne a visé leur voiture dans la partie rebelle de la ville.
Moscou et Washington se sont engagés lundi à «redoubler d'efforts» pour maintenir une trêve, même précaire, à Alep et à l'étendre à toute la Syrie. Les représentants de 17 pays, qui soutiennent ou s'opposent au régime, doivent se réunir mardi à Vienne pour tenter de relancer les négociations. Pour le coordinateur de l'opposition syrienne, Riad Hijab, la trêve «n'est pas une fin en soi. La solution pour la Syrie c'est une transition politique réelle».