Le triomphe de l’Ukraine au concours Eurovision avec une chanson aux accents politiques a été sans surprise mal accueilli en Russie. D’autant que le Russe Sergueï Lazarev, favori des parieurs, a fini à la troisième place. Le sénateur Frantz Klintsevitch a même appelé au boycott par la Russie du prochain concours, qui sera donc organisé en Ukraine.
Dès avant la finale, la Russie considérait le choix ukrainien comme une provocation politique. Jamala, Tatare de Crimée de 32 ans, a choisi d'interpréter un morceau sur la déportation de son peuple par Staline en 1944. En plus d'être un hommage à la souffrance de ses aïeux, 1944 est un cri après l'annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, explique la chanteuse, dont le morceau commence ainsi : «Quand les étrangers arrivent, ils viennent dans votre maison. Ils vous tuent et disent : "Nous ne sommes pas coupables."» Depuis l'annexion, la communauté tatare a la vie dure, malgré les promesses de Poutine quant à la protection de ses intérêts.
«Oui !!! a tweeté, de son côté, le président ukrainien, Petro Porochenko. Une prestation et une victoire incroyables ! Toute l'Ukraine vous adresse un grand merci, Jamala.»
Sinon, la France a terminé sixième, meilleur résultat du pays à l'Eurovision depuis 2002, avec Amir, qui a déclaré : «La France est regardée autrement aujourd'hui en Europe.» Une édition décidément très politique.