L'ambiance n'était pas au beau fixe lorsque Benyamin Netanyahou a rencontré Jean-Marc Ayrault, dimanche matin à Jérusalem. En visite au Proche-Orient, le chef de la diplomatie française, qui précède Manuel Valls attendu à la fin de la semaine, a tenté de convaincre son interlocuteur de s'associer à une conférence internationale censée se tenir le 30 mai à Paris pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, à l'arrêt depuis 2013-14. A priori, le projet est un événement diplomatique majeur puisque les délégués d'une vingtaine de pays, dont ceux du Quartet (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Nations Unies) et de la Ligue arabe, devraient y participer. Sauf qu'Israël s'oppose à toute intervention extérieure dans son conflit avec les Palestiniens.
Ses dirigeants répètent à l'envi qu'ils «préfèrent des discussions bilatérales sous tutelle américaine autour d'une même table plutôt qu'un grand machin». Selon son entourage, Ayrault a spécifié à Netanyahou que le «seul objectif de cette conférence est de remobiliser la communauté internationale» mais pas de «contourner ou préempter des négociations directes entre les parties».
Ce plaidoyer n'a pas changé grand-chose. Et l'Etat hébreu se sent d'autant plus à l'aise dans son rejet de l'initiative française que Paris a voté, le 14 avril au conseil exécutif de l'Unesco, une résolution «visant à sauvegarder le patrimoine culturel palestinien». Un texte niant tout lien historique entre le peuple juif et plusieurs sites religieux dont le mont du Temple, l'actuelle esplanade des mosquées de Jérusalem-est. Pour Netanyahou, le vote de cette «résolution scandaleuse» disqualifie Paris dans le rôle d'«intermédiaire honnête» en faveur de la paix. Il a d'ailleurs écrit à François Hollande pour dénoncer le «caractère immoral et dangereux» de la «validation internationale des efforts palestiniens pour nier l'histoire». Valls a tenté de rattraper le coup en estimant à l'Assemblée nationale qu'«il y a dans la résolution de l'Unesco des formulations malheureuses, maladroites, qui heurtent et qui auraient dû être évitées». Ayrault a beau répéter que le vote français est un «malentendu», les Israéliens n'en croient pas un mot. L'initiative française est bien mal partie.